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Un musée retraçant les traumatismes vécu par les Allemands durant la guerre ouvre à Berlin

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« La fondation de l’exil, de l’expulsion et de la réconciliation », le nom de ce nouveau centre de documentation qui ouvre ce mercredi à Berlin n’est pas forcément parlant au premier abord. Il fait pourtant référence à l’un des traumatismes majeurs de l’Allemagne du XXème siècle, la plus grande migration forcée de l’histoire européenne en 1945. Un chapitre resté longtemps refoulé en raison des risques de relativisation des crimes du nazisme. 

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de notre correspondant à Berlin,

Dès 1944, 14 millions de personnes ont fui devant l’avancée de l’armée rouge vers l’Ouest ou ont été déplacés de force en raison des changements de frontières décidés par les alliés ou des expulsions des minorités allemandes dans certains pays. Quelques 600 000 personnes ont trouvé la mort. Une famille sur trois aujourd’hui a un ancêtre qui vivait à Königsberg, désormais Kaliningrad en Russie, en Roumanie ou dans les Sudètes en République Tchèque.

Ces personnes se sont installées dans les frontières de l’Allemagne d’aujourd’hui. Elles n’étaient pas bien vues. Elles ont cultivé leurs souvenirs en famille ou dans des organisations et affiché en bonne place dans leurs foyers la clé d’une maison abandonnée ou un objet emporté dans la fuite.

Un dilemme pour un pays marqué par le nazisme

« Ce centre comble une lacune dans la mémoire collective en Allemagne, explique sa directrice Gundula Bavendamm. Le fait que les expériences des réfugiés sont maintenant représentées publiquement est un grand pas et une reconnaissance importante ».

S’il a fallu plus de 75 ans pour que ce centre voit le jour, c’est parce que l’histoire de ces réfugiés a longtemps été un peu oubliée. Après la chute du rideau de fer, il devenait possible de se rendre sur place à l’Est mais la guerre en Yougoslavie et les épurations ethniques ont rappelé de mauvais souvenirs. Des artistes ont évoqué ce sujet longtemps tabou. Une initiative est lancée mais le projet est marqué par de nombreuses polémiques. 

« Comment était-il possible de parler des souffrances des Allemands à la fin de la Seconde Guerre mondiale sans relativiser la responsabilité de l’Allemagne dans les crimes des Nazis », questionne Gundula Bavendamm qui résume ainsi tout le dilemme qu’a pu susciter la création de la Fondation de l’exil, de l’expulsion et de la réconciliation.

Une perspective plus large

Ce n’est pas un hasard si Angela Merkel lors d’une cérémonie lundi 21 juin a rappelé que sans les crimes du nazisme, la Seconde Guerre mondiale, l’Holocauste et les migrations forcées de 1945 n’auraient pas eu lieu.

Le centre offre par ailleurs une perspective plus large précisément pour sortir de ce dilemme. La moitié de l’exposition est consacrée aux migrations forcées depuis le début du XXème siècle jusqu’à aujourd’hui. Elle évoque le génocide arménien comme les guerres dans les Balkans des années 90. Une bibliothèque offre de nombreux témoignages. Les visiteurs peuvent aussi y trouver de l’aide pour rechercher des personnes disparues. L’écho médiatique a été énorme ces derniers jours. Le temps passant, les polémiques ont faibli et l’exposition évite les écueils relativistes que certains redoutaient.

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