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Covid-19 : après avoir investi massivement, les fabricants de masques français tournent au ralenti

Dans la salle des machines de Valmy, à Mably, près de Roanne (Loire), l’un des deux grands fabricants historiques de masques sanitaires, plusieurs équipements sont à l’arrêt. « Aujourd’hui, on a deux lignes qui tournent sur sept », décrit Julien Chabet, le responsable d’exploitation de Valmy. On est loin de l’activité intense de l’an dernier : les stocks d’État ont été reformés et le grand public en utilise de moins en moins, le masque n’est plus obligatoire en extérieur depuis le 17 juin. De très nombreuses commandes, notamment publiques, se font enfin en Asie, où les prix sont plus faibles.

Au plus fort de la crise sanitaire, l’usine de Valmy fonctionnait effectivement en trois huit, nuit et week-end, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Résultat, on est passé de 20 millions de masques FFP (FFP2 et FFP3) par mois au plus fort de la crise à un million. La quantité de masques chirurgicaux est, elle, passée de 8 millions mensuel à 4 aujourd’hui. « Ces machines sont toutes neuves, explique Julien Chabet. « Cette ligne-ci a été achetée pendant la crise, et aujourd’hui elle est au ralenti. »

« Nous étions là avant la crise, nous avons été là pendant la crise. Maintenant, à eux de nous faire travailler après la crise. »

Julien Chabet, responsable d’exploitation de l’usine de fabrication de masques de Valmy

franceinfo

Un déclin de l’activité en partie normal, mais au goût amer, car des investissements de plusieurs millions d’euros ont été faits, en machines donc, mais aussi en formation et en recrutement. « Avant la crise nous étions 25 personnes. Durant la crise, nous sommes montés à 75, raconte Julien Chabet. Début mai, nous sommes redescendus à 35. Nous savions forcément qu’il y avait un ‘effet Covid’ temporaire, mais nous pensions quand même qu’il y aurait une certaine pérennité, une volonté d’entretenir des stocks notamment nationaux. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. »

Ce qui irrite particulièrement les fabricants de masques, c’est que la France importe encore beaucoup, de Chine notamment, un pays qui tire les prix vers le bas : un masque chirurgical chinois s’achète environ trois centimes, un français entre quatre et cinq. Les gros producteurs rongent leur frein et les petits disparaissent. « Si cette filière disparaît, on va revenir à la situation d’avant, c’est-à-dire à une dépendance, alerte Jeanne Lemoine, la vice-présidente du tout nouveau syndicat des fabricants de masques sanitaires, alors qu’il y a suffisamment de fabricants français pour toute crise pandémique, et on sait aujourd’hui ce que cela donne. Il faut absolument qu’on soit autonomes, et c’est ce que tout le monde a voulu. Aujourd’hui, il y a une incohérence et nous attendons des réponses des autorités sur le sujet. »

L’organisation évalue les investissements de la filière à plusieurs dizaines de millions d’euros au total. Mais regrette que deux masques sur trois soient aujourd’hui achetés à l’étranger.

Les fabricants de masques dans l’incertitude – le reportage de Noémie Bonnin

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