Des militaires afghans fuient les talibans au Tadjikistan et en Ouzbékistan

Publié le :

Cette semaine, des dizaines de gardes-frontières et de militaires afghans ont cherché refuge au Tadjikistan et en Ouzbékistan, pour fuir l’avancée des talibans. Avec le retrait des 2 500 derniers soldats américains d’Afghanistan, le mouvement fondamentaliste islamiste a pris le contrôle d’une cinquantaine de districts du pays, notamment dans le nord, à la frontière de ce que fut l’URSS.

Publicité

De notre correspondant dans la région,

Avec le retrait des Américains, qui doit être achevé le 11 septembre ainsi que l’a annoncé Joe Biden, les talibans ont repris une cinquantaine de districts, sur les 370 que compte l’Afghanistan. Ils en ont notamment repris ces dernières semaines dans les provinces de Takhar et de Kunduz.

►À lire aussi : Afghanistan: les talibans contrôlent le principal poste-frontière avec le Tadjikistan

Mardi dernier, il y a eu des combats très violents entre talibans et forces gouvernementales près du poste frontière de Shir Khan Bandar, poussant 134 gardes-frontières et militaires afghans à passer au Tadjikistan voisin. C’était le même scénario le lendemain, 23 juin, mais en Ouzbékistan, où 53 hommes des forces loyales à Kaboul ont aussi trouvé refuge, armes à la main. Contrairement au Tadjikistan, ils ont été rapidement priés de retourner dans leur pays.

On ne peut pas exclure un afflux important d’Afghans dans les pays voisins, même si le Tadjikistan et l’Ouzbékistan ont massé des troupes à leurs frontières. Leurs gardes-frontières ont été placés en état d’alerte. Mais il est difficile de contrôler par exemple les 1 344 km de frontières communes entre le Tadjikistan et l’Afghanistan, pour une part de région montagneuse, comme au Haut-Badakhchan. Cela dit, les autorités tadjikes semblent prêtes à accueillir jusqu’à 10 000 personnes.

Pas d’intérêt des talibans à déstabiliser l’Asie centrale

Si l’on regarde le passé, la seconde moitié des années 1990, lorsque les talibans étaient au pouvoir, il y a eu de fortes tensions en Ouzbékistan notamment, avec incursions dans le territoire et attentat contre le président Islam Karimov. Mais ces tensions étaient le fait d’Ouzbeks refugiés en Afghanistan pour mieux lutter contre la terrible dictature de Karimov.

Rien n’indique dans leur histoire que les talibans aient intérêt à déstabiliser l’Asie centrale post-soviétique. Mais tout le monde s’inquiète, malgré les propos rassurant de Joe Biden ce samedi, où il recevait son homologue afghan à Washington. La Russie et la Chine regardent notamment la situation de près ; elles dont les responsables de la sécurité étaient à Douchanbé cette semaine, la capitale du Tadjikistan, dans le cadre d’une réunion de l’Organisation de coopération de Shanghai.

À lire la presse russe, on a parfois l’impression que les talibans menacent gravement la sécurité des pays d’Asie centrale. Peut-être s’agit-il aussi pour Moscou de justifier, en jouant sur la peur, un certain retour d’influence dans ces ex-républiques soviétiques. 


Continuer à lire sur le site France Info