Klaus L., la chute d’un agent double qui embarrasse les renseignements allemands

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Un agent des services de renseignements allemands a été arrêté lundi. Il est soupçonné d’avoir travaillé pour la Chine. L’affaire a tout d’un roman d’espionnage, dont la première victime pourrait être le service fédéral de renseignement allemand, le Bundesnachrichtendienst (BND).

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Klaus L., 75 ans, a été interpellé ce lundi 5 juillet devant son domicile, alors qu’il rentrait d’Italie sur la base d’un mandat d’arrêt émis le 21 juin par une cour de Munich. Il est sous la menace, ce mardi 6 juillet, d’un placement en détention provisoire. Le cas est embarrassant pour l’Allemagne car L. travaillait depuis 50 ans avec le BND, les services de renseignements allemands, qui le rémunérait comme « agent de liaison ».

Selon les enquêteurs, il menait de fait une double vie. Salarié de la fondation Hans Seidel, un groupe de réflexion très influent proche des conservateurs bavarois d’une part; informateur inofficiel du BND d’autre part. Son travail à la fondation lui permettait notamment de voyager en URSS puis en Russie, dans les Balkans, en Afrique du Sud et en Asie, précise notre correspondante à Berlin, Nathalie Versieux

Perquisition

L’interpellation de lundi a été effectuée sur la base d’informations collectées au domicile du suspect, dans le cadre d’une perquisition de novembre 2019, au moment où Klaus L. et son épouse s’apprêtaient à partir pour Macao. Le suspect devait y rencontrer les services secrets chinois. Les enquêteurs ont découvert que le professeur, âgé de 75 ans, aurait échangé contre rémunération, des informations qu’il aurait recueillies « principalement grâce à ses nombreux contacts politiques de haut niveau ».

C’est en 2010, lors d’une série de conférences données à Shangaï, que le professeur se serait laissé approcher par les services chinois, selon le parquet fédéral de Karlsruhe. « Au cours de la période suivante, jusqu’en novembre 2019, le suspect a régulièrement fourni des informations au service de renseignement chinois avant ou après des visites d’État ou des conférences multinationales, ainsi que sur certaines questions d’actualité », précisent les procureurs.

Qu’il ait fallu près de deux ans aux enquêteurs allemands pour l’interpeller montre à quel point le cas est embarrassant pour l’Allemagne. Car selon la presse allemande, c’est d’abord avec la bénédiction du BND que Klaus L. s’est laissé approcher par la Chine, avant d’échapper à ses supérieurs. Le procès de L. est attendu avec le plus grand intérêt par les médias du pays.

(Avec AFP)

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