Crise au Liban: grève reconductible des pharmaciens contre les pénuries de médicaments

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Le Liban s’enfonce chaque jour un peu plus dans la crise. Ce vendredi 9 juillet, les pharmacies ont commencé une grève reconductible pour protester contre les pénuries de médicaments. Les étagères des officines sont vides et les pharmaciens ne sont plus livrés. Pourtant, il reste bien des médicaments dans le pays, stockés dans des entrepôts. Mais avec la dévaluation de la livre libanaise et la quasi-faillite de la Banque centrale, les propriétaires de ces médicaments importés ne peuvent plus les vendre, ou alors, à perte.

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Avec notre correspondant à Beyrouth, Noé Pignède

Naji Germanos est pharmacien dans le village de Deir-el-Qammar, à une quarantaine de kilomètres au sud de Beyrouth. Ce vendredi, et jusqu’à nouvel ordre, il a décidé de baisser le rideau. De toute façon, il n’avait presque plus rien à vendre.

« Il n’y a plus de médicaments dans les officines parce que les sociétés importatrices ne livrent plus, explique-t-il. C’est dû au gouverneur de la Banque centrale : il promet de régler les factures depuis plus de sept mois. Ce sont toujours des promesses. »

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Lui-même importateur de médicaments, Naji Germanos connaît bien le problème : au Liban, la plupart des traitements médicaux sont achetés à l’étranger puis vendus en livre libanaise à un prix fixé par l’État. Mais depuis la dévaluation de la monnaie nationale, ce prix est devenu dérisoire.

« J’achète les colis, disons à 1,5 dollar. Ca fait presque 30 000 livres libanaises au marché noir; et je dois les vendre à 2 000 livres libanaises, douze fois moins chers. Ces produits-là sont subventionnés par l’État, soi-disant. Si c’est subventionné, c’est bon, sinon, c’est la faillite. » 

Pour l’instant, Naji Germanos garde ses médicaments dans ses entrepôts plutôt que de les vendre à perte. Il plaide pour la fin des subventions et pour une prise en charge ciblée des patients les plus pauvres. Car si demain les médicaments étaient vendus au prix du marché international, une boîte d’antibiotiques coûterait la moitié d’un salaire minimum mensuel.


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