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« Enfant, les ténors étaient mes super-héros » : Roberto Alagna chante dans « Samson et Dalila » samedi aux Chorégies d’Orange

Il interprète samedi 9 juillet aux Chorégies d’Orange, Samson, le personnage biblique doté de pouvoirs extraordinaires. Enfant, la star du lyrique Roberto Alagna avait ses propres « super-héros » : « les ténors, c’était pour moi des gens touchés par la grâce », confie-t-il.

Il a brillé autant dans le bel canto que dans le chant français et attiré des fans au-delà du cercle lyrique mais à 58 ans, il n’oublie pas son enfance ni les débuts de sa carrière, qui ont tout d’un roman. « Je repense à ce petit garçon que j’étais en banlieue… nos seules distractions, c’était jouer au baby-foot, taper dans un ballon, prendre des guitares et chanter », raconte dans un entretien avec l’AFP le ténor, né de parents siciliens immigrés à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) prés de Paris.

Enfant timide, il n’osait « même pas rêver » de devenir chanteur lyrique. « Pour moi un ténor, c’était un super héros, quelqu’un qui n’était pas un humain, des gens qui étaient touchés par la grâce », poursuit Roberto Alagna, dont l’idole était Luciano Pavarotti. « J’avais des exemples de ténors dans ma famille (…). Quand mes oncles chantaient il y avait tout qui tremblait à la maison ».

A 17 ans, il rencontre son futur professeur, le Cubain Rafael Ruiz. « Il m’a dit tu es ténor, et c’est le paradis qui s’ouvrait devant moi ». Plus tard, Gabriel Dussurget, créateur du Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, et les pianistes Simone Féjard, sa « petite fée », et Elizabeth Cooper, seront déterminants dans sa carrière. « C’était comme dans les contes de fée ». Conte de fée toujours lorsque Pavarotti lui signe une dédicace à Paris en 1985, ou quand il remporte à 25 ans le concours créé par le « ténorissime ».

Les plus grandes scènes du monde, de Milan à New York, s’ouvrent à lui. Plus de 35 ans de carrière et 60 rôles plus tard, il dit avoir eu « raison de rêver »: « tout ce qui m’est arrivé, c’est beaucoup plus que ce que je pouvais espérer ». Chaque nouveau rôle est un évènement: en décembre, en pleine pandémie et devant une salle vide, le ténor fait ses débuts wagnériens dans Lohengrin à l’Opéra d’Etat Unter den Linden de Berlin.

Il est réputé pour mal supporter les critiques: sa sortie de scène en 2006, en pleine représentation d’Aïda devant le très difficile public de la Scala, en raison de sifflets dans la salle, est resté dans les annales. Roberto Alagna assure cependant les accepter plus qu’il n’est rapporté dans la presse. « La critique est essentielle. Après, il y a des critiques qui sont énervantes parce qu’elles sont violentes et pas constructives… Souvent, on répète ce que dit un autre et on crée des légendes. Mais il faut l’accepter », dit-il. 

Le chanteur est si populaire qu’il s’est lancé le défi de chanter Carmen au Stade de France en 2020, un projet finalement reporté à cause de la pandémie. Superstar du lyrique ? « Ca ne veut rien dire, on n’est jamais arrivé. Tous les soirs, vous pouvez chuter. Ca m’est arrivé, je l’ai senti, j’étais un des meilleurs ténors du monde et puis le lendemain j’étais le pire ». « On est un peu des trapézistes; tous les soirs, on fait des sauts périlleux, il n’y a pas de filet quand ça craque. Mais l’important, c’est de prendre des risques ».

Sa vie personnelle a suscité un vif intérêt dans la presse. Après la mort de sa première femme, décédée d’une tumeur en 1994 un an après la naissance d’une fillette, il épouse la soprano roumaine Angela Gheorghiu et forme un couple célèbre, avant un divorce médiatisé en 2013. Il est marié depuis 2015 avec la soprano polonaise Aleksandra Kurzak avec laquelle il a eu une autre fille.

Se disant un privilégié, il appelle à « bichonner » la jeune génération de chanteurs fragilisée par la pandémie. « Ce sont des chevaux de course! ».


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