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Guerre en Ukraine : « L’initiative est du côté ukrainien et non plus russe », selon le général Pellistrandi

L’armée russe a envoyé, vendredi 9 septembre, des renforts en direction de la région ukrainienne de Kharkiv, alors que Kiev dit avoir repris le contrôle de 30 localités dans cette zone frontalière de la Russie. « Nous prenons progressivement le contrôle de nouvelles localités. Nous ramenons partout le drapeau ukrainien et la protection à nos citoyens », a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une vidéo. Pour le général Jérôme Pellistrandi, cette offensive ukrainienne « est une surprise relative » preuve que « les renseignements ont été efficace ». Sur franceinfo vendredi, le rédacteur en chef de la revue Défense Nationale voit dans cette percée « une attaque d’offensive » qui montre que « l’initiative est du côté ukrainien et non plus russe ».

franceinfo : Est-ce que cette offensive dans l’Ouest est une surprise ?

Jérôme Pellistrandi : C’est une surprise relative dans la mesure où l’effort des forces de Kiev restent dans la région de Kherson et visiblement, les renseignements ont été efficaces. Les Ukrainiens se sont rendus compte qu’il y avait une faiblesse du côté russe, donc dans la région de Kharkiv. Ils ont donc fait une attaque d’opportunité qui semble extrêmement efficace. On le voit aujourd’hui, l’initiative est du côté ukrainien et non plus du côté russe.

En tout état de cause, cela traduit d’une part, l’agilité des forces ukrainiennes à changer ou à varier ses efforts sur le terrain et de l’autre côté, cela souligne le fait que les Russes sont dans des situations extrêmement embarrassantes, puisqu’ils sont sur la défensive, ils sont obligés de faire des transferts massifs d’unités entre le Sud et le Nord pour en quelque sorte boucher les trous. Et donc, on voit, l’initiative a basculé.

Est-ce que grâce à l’aide occidentale, les Ukrainiens gagnent face aux Russes, notamment via la bataille du renseignement ?

Visiblement, la boucle du renseignement avec l’appui occidental est extrêmement efficace. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que les Ukrainiens, qui n’ont pas un rapport de force favorable sur le plan des équipements notamment, sont capables de frapper vite, de frapper avec précision et déstabilisent le système russe qui, lui, est beaucoup plus pesant, beaucoup plus hiérarchique et beaucoup moins agile pour répondre aux contre-attaques ukrainiennes.

À quelle réaction faut-il s’attendre du côté russe ?

La difficulté pour Moscou, c’est le manque de soldats. Les Russes ont cru, en lançant la guerre le 24 février, que tout allait se dérouler facilement et qu’ils auraient la supériorité numérique, et donc finalement un rapport de force favorable : il n’en est absolument rien. Et donc, la difficulté pour les Russes, c’est d’une part de compenser les pertes matérielles qui sont importantes, mais aussi les pertes humaines, puisque on estime à ce jour que les Russes ont perdu au moins 80 000 soldats entre les soldats morts, tués, prisonniers, blessés, déserteurs. Pour la Russie, la situation est extrêmement embarrassante.

« Il faut quand même rester prudent. Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui, les forces russes sont sur la défensive que Vladimir Poutine a perdu la guerre. Et ce n’est pas aussi parce que les Ukrainiens ont des succès tactiques qu’ils vont complètement renverser et reconquérir le terrain qu’ils ont perdu depuis le la fin du mois de février. »

Le général Jérôme Pellistrandi

à franceinfo

Est-ce que les Ukrainiens ont les moyens de consolider leur position après avoir repris plusieurs localités ?

C’est une question qui va être essentielle dans le mois à venir parce que d’ici environ un mois, voire un mois demi, on rentre dans la période hivernale. Les mouvements sur le terrain vont être beaucoup plus compliqués. Et est-ce que les Ukrainiens vont en quelque sorte se contenter d’avoir des objectifs limités, mais consolidés ? Ou est-ce qu’ils vont essayer d’aller plus loin avec le risque de contre-attaque à ce moment-là ? Ce qui va se passer dans les semaines, c’est que de toute façon, c’est une guerre longue. Et même si pendant l’hiver, l’intensité des combats diminuera, ce n’est pas pour autant que la guerre sera finie.


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