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REPORTAGE. Dans la foule qui a assisté à la proclamation de Charles III, le nouveau roi fait quasiment l’unanimité

Des gardes royaux tout costume dehors, la lecture d’un acte royal, des trompettes et une foule qui acclame son nouveau roi… Cela aurait pu ressembler à un voyage dans le temps, si les Britanniques ne tenaient pas au bout de leur main smartphones et appareils photos, dont la modernité jure avec le cérémonial. « C’est un peu regarder l’Histoire sans internet », résume d’ailleurs Stephen, Londonien depuis toujours.

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Ce samedi 10 septembre au matin, à Londres, le roi Charles III a officiellement été proclamé souverain de la Grande-Bretagne et de l’Irlande du Nord. Comme le veut la tradition, la lecture de sa proclamation a ensuite été donnée au balcon du palais Saint-James, où siège le Privy Council, en charge de conseiller le souverain britannique. Elle doit aussi être lue dans les autres royaumes qui composent le pays. 

Et le mot est dans toutes les bouches à la fin de la cérémonie : c’est un moment « historique ». « On pourra dire ‘on y était’, c’est incroyable d’être le témoin de quelque chose comme ça », confie Glynn, venue deux de ses amies, Erika et Rebecca. Un enthousiasme partagé un peu plus loin par Sandra Beveridge. Venue depuis Edimbourg en famille pour un week-end à Londres, elle est ravie « de la coïncidence. C’est une part de l’histoire qui se joue. » 

Il fallait être motivé pour assister à cette annonce officielle au balcon : plus de deux heures de queue à trépigner et s’impatienter. Dans la foule qui attendait, on raillait un Boris Johnson « seulement intéressé par l’argent », on plaignait la nouvelle Première ministre britannique Liz Truss, obligée de gérer un changement de souverain deux jours après son arrivée mais surtout, on parlait de la famille royale. Jessica Beveridge, adolescente, confiait ainsi que « ça lui faisait bizarre de se dire que pour le reste de sa vie, ce serait un roi » (car après Charles viendront William, son fils, puis George). Plus loin, un groupe de femmes racontaient leur affection pour la reine Elizabeth II. Le nom du nouveau roi était évidemment de toutes les conversations.

Sandra Beveridge venue assister en famille à la proclamation de Charles III. (THEO UHART / FRANCEINFO)

Sandra Beveridge venue assister en famille à la proclamation de Charles III. (THEO UHART / FRANCEINFO)

Jean Thompson, 66 ans, venue déposer des fleurs pour la Reine et assister à l’évènement, a de l’empathie pour Charles, qui traverse « une période difficile ». « Il faut lui laisser du temps », dit-elle, assurée qu’il sera « très bon. Il a eu du temps pour se préparer », sourit-elle.

À 73 ans, il est en effet le souverain le plus âgé à accéder au trône britannique. Et globalement, dans une foule acquise à la monarchie, Charles fait déjà l’unanimité. « Son discours hier était très émouvant, il l’a fait avec le coeur », salue Sandra. « On espère qu’il va réussir », dit plus prudamment Hazel Vaieghen. « Ce sera différent, à sa manière », complète son mari Martyn.

Mais Charles n’est-il pas trop engagé, notamment en faveur de l’environnement, pour gagner les faveurs de tout son peuple ? Martyn balaie ça d’un revers de la main.

« Si vous ne vous battez pas pour la planète, alors pour quoi ? Il l’a fait bien avant les politiques. Et il ne dit pas comment le faire, il dit qu’il faut le faire. Ce n’est pas politique, c’est juste. »

Martin Vaieghen

à franceinfo

« C’est la seule route vers le futur », estime de son côté Sandra Beveridge, pas dérangée non plus par l’engagement du roi. D’autres, qui soutiennent plutôt la cause environnementale, espèrent « qu’il va se taire ». S’ils approuvaient la démarche du prince, ils estiment que le roi se doit de rester au-dessus de la mêlée. « On attend que son fils [le prince William] reprenne ses combats et marche dans ses traces », déclare Rebecca. 

Erika, Glynn et Rebecca attendent la proclamation officielle du nouveau roi britannique, Charles III. (THEO UHART / FRANCEINFO)

Erika, Glynn et Rebecca attendent la proclamation officielle du nouveau roi britannique, Charles III. (THEO UHART / FRANCEINFO)

Personne donc pour évoquer Diana ou son lobbying auprès du gouvernement Blair, comme si, en devenant roi, son passé avait disparu avec son impopularité. Beaucoup avouaient même un regret à la fin de la cérémonie : que le roi ne soit pas venu prendre un bain de foule. Les Britanniques attendent donc déjà leur nouveau roi et s’enthousiasment toujours autant du folklore monarchique. La Couronne a probablement encore de longs jours devant elle, quelle que soit la tête sur laquelle elle est posée. 


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