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Haut-Karabakh : ce que l’on sait des affrontements à la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan

Ce sont les combats les plus meurtriers depuis 2020 dans la région du Haut-Karabakh. Des affrontements ont éclaté à la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjandans la nuit du lundi 12 au mardi 13 septembre. Voici ce que l’on sait de ce regain de violence entre les deux pays voisins. 

Près de 50 soldats tués

Le Premier ministre arménien a annoncé lors d’un discours devant le Parlement à Erevan qu’« à l’heure actuelle », l’armée arménienne comptait « 49 [militaires] tués » dans ses rangs. « Et ce n’est malheureusement pas le nombre définitif », a prévenu Nikol Pachinian. De son côté, l’Azerbaïdjan a certes reconnu des « pertes », mais sans en donner le nombre exact.

L‘Arménie et l’Azerbaïdjan se rejettent la responsabilité de ces nouveaux affrontements. Erevan a accusé Bakou d’avoir initié les hostilités par un « bombardement intensif » de ses positions, en direction de plusieurs villes, comme Goris et Sotk. L‘Azerbaïdjan a quant à lui accusé l’Arménie d’« actes subversifs à grande échelle ».

Le ministère arménien de la Défense a précisé que des « batailles » avaient lieu en plusieurs points de la frontière. Les troupes azerbaïdjanaises ont selon lui essayé d’« avancer » en territoire arménien. Il a aussi assuré que l’ennemi avait visé des « infrastructures militaires et civiles »« Les forces azerbaïdjanaises continuent d’utiliser de l’artillerie, des mortiers, des drones et des fusils de gros calibre », a affirmé le ministère arménien de la Défense.

La région du Haut-Karabakh au cœur du conflit 

A l’origine des tensions entre les deux voisins : le sort du Haut-Karabakh. Cette région montagneuse, peuplée en majorité d’Arméniens, était rattachée à l’Azerbaïdjan avant de faire sécession avec le soutien de l’Arménie. Mais l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, n’a jamais abandonné l’idée de récupérer son ancienne province. 

Après une première guerre qui a fait plus de 30 000 morts au début des années 1990, un conflit entre les deux pays avait éclaté durant six semaines à l’automne 2020. Il avait fait plus de 6 500 morts et s’était soldé par un cessez-le-feu négocié par la Russie et une lourde défaite de l’Arménie, contrainte de céder plusieurs régions formant un glacis autour de l’enclave séparatiste du Haut-Karabakh

Cette débâcle a été vécue comme un traumatisme par une grande partie de la population arménienne, qui accuse notamment l’Azerbaïdjan d’avoir commis des « crimes de guerre » lors de ce conflitMalgré les 2 000 casques bleus russes déployés pour superviser la trêve, des fusillades sont régulièrement signalées le long de la frontière commune depuis 2020.

Un cessez-le-feu négocié par la Russie

Pour mettre fin aux affrontements actuels, la Russie a annoncé avoir de nouveau négocié un cessez-le-feu, en vigueur depuis mardi matin, selon Moscou. « Nous espérons que l’accord conclu à la suite d’une médiation russe sur un cessez-le-feu à partir de 9 heures, heure de Moscou (8 heures, heure française), sera respecté dans son intégralité », a déclaré la diplomatie russe, se disant « extrêmement préoccupée par la nette dégradation de la situation ».

« Nous appelons les parties à s’abstenir de toute nouvelle escalade, à faire preuve de retenue », a encore exhorté le ministère russe des Affaires étrangères.

Le Conseil de sécurité de l’ONU saisi par la France

Après ces nouveaux affrontements, la France va saisir le Conseil de sécurité de l’ONU dont elle assure actuellement la présidence, a annoncé l’Elysée, mardi. Cette déclaration intervient à l’issue d’un entretien téléphonique entre Emmanuel Macron et le Premier ministre arménien.

Nikol Pachinian s’est également entretenu séparément dans la nuit avec le président russe Vladimir Poutine et le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. Le chef du gouvernement arménien en a notamment profité pour exprimer « sa profonde préoccupation au sujet de la situation actuelle » et souligner « l’importance d’une réponse appropriée de la communauté internationale », selon le gouvernement arménien.

L’Union européenne a de son côté appelé mardi à un arrêt des hostilités et a entrepris une médiation entre les deux pays, a annoncé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. « Le président [du Conseil] Charles Michel prend contact avec les dirigeants des deux pays et je m’entretiens aujourd’hui avec les ministres des Affaires étrangères respectifs », a-t-il précisé.


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