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À Gaza, un agriculteur palestinien découvre des mosaïques du haut Moyen-Âge : « Si on ne fait rien, tout disparaîtra dans les années à venir »

Les pavements représentent des animaux – lion, paons, flamants roses, lapins, canards, renards –, des arbres, des corbeilles de fruits et des arabesques. Le nombre de carrés de faïence par mètre carré est très élevé. Cette fantastique découverte archéologique a été mis au jour par un agriculteur palestinien dans son verger du camp de réfugiés d’Al Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, enclave palestinienne peuplée de 2,5 millions de personnes et coincée entre Israël et l’Egypte. Il s’agit de sols mosaïques du haut Moyen-Âge.

René Elter, chercheur à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, parle d’une mosaïque d’une finesse exceptionnelle. « Les petits carrés s’appellent des tesselles. C’est vrai que c’est une mosaïque qui est relativement fine, renseigne l’expert. Ce qui est surtout fin dans ce pavement, ce sont les représentations. Chaque animal est généralement souligné, rehaussé d’un trait noir et, dans les couleurs, on a des camaïeux très chatoyants. On a certainement l’utilisation de pâte de verre ou de pierres très, très fines pour la réalisation de ces pavements. » 

Les panneaux sont dispersés sur 400 mètres carrés. Les archéologues essaient maintenant de savoir à quand ils remontent et dans quel cadre. « À la première lecture des pavements, on pourrait dire qu’ils ont été réalisés entre le Ve et VIIe siècles, estime René Elter. Après, identifier le lieu, c’est un peu difficile… C’est peut-être un établissement religieux, peut-être une église. »

Ce joyau de l’humanité est en danger. « Après les différents échanges armés qui ont lieu depuis quelques années, il y a besoin de reloger beaucoup de monde. Reloger les gens qui ont perdu leur habitat en 2014, ça n’a toujours pas été réalisé, explique le chercheur. Étant donné qu’il y a un besoin de logements, on va excaver, et, étant donné que la bande de Gaza est un immense site archéologique à ciel ouvert, si on ne fait rien, tout disparaîtra dans les années à venir. »

« C’est dans une propriété privée et à un kilomètre de la frontière ouest, qui est relativement sensible dans le cadre du conflit local. Tout peut arriver, à n’importe quel moment. »

René Elter, chercheur à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem

à franceinfo

« Sans financement, on ne pourra pas le préserver et, eux, du fait de la situation, ils essaieront de le vendre. On n’a pas les moyens », déplore René Elter. Pour finir de sonder, délimiter et sécuriser le site, les archéologues n’ont besoin que de quelques milliers d’euros.

Des mosaïques du Moyen-Age découvertes à Gaza : reportage de Frédéric Métézeau

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