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TEMOIGNAGE. Guerre en Ukraine : « Ils me tabassaient, m’électrocutaient », raconte Olexandre, torturé par les Russes à Izioum

Quand Olexandre, 32 ans, habitant d’Izioum à l’est de l’Ukraine, tremble de tout son corps, ce n’est pas à cause des bombardements que l’on entend au loin. C’est parce qu’il se replonge dans ce qu’il s’est passé fin mars dans sa ville. Les autorités ukrainiennes y ont exhumé 447 cadavres qui étaient enterrés dans une forêt, dont 30 qui présentaient des signes de tortures. Olexandre, lui, a échappé à la mort. Pas à la torture.

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C’était il y a six mois, mais pourtant, Olexandre est encore bousculé. Il revit en boucle son enlèvement dans la rue par des Russes, et son arrivée dans le sous-sol d’une école transformée en salle de torture. « J’y ai passé dix jours« , raconte-t-il. « Tous les matins, quand le coq chantait, je savais qu’ils allaient arriver pour me tabasser. C’était très violent. Ils m’électrocutaient. Ils me torturaient« , détaille le jeune homme, encore sous le choc, qui précise que ses bourreaux l’accusaient « d’être un résistant qui aidait l’Ukraine« . 

Une après-midi, un de ses geôliers vient le chercher. Il lui met un sac sur la tête et l’entraine dans une cour : « Le sac était en couleur camouflage. Il m’a pris par le cou, m’a traîné dans la rue. »

« Il m’a dit ‘il y a une bonne nouvelle pour toi : aujourd’hui, tu seras exécuté’. J’ai dit : ‘tant mieux comme ça je ne souffrirai plus' »

Olexander

à franceinfo

Il raconte la suite comme s’il revivait cette scène d’horreur : « On m’a mis contre un mur. J’ai demandé si je pouvais fumer une dernière cigarette, ils m’ont dit ‘ok’. Au bout d’un moment, j’ai senti le mégot me brûler les doigts. J’ai compris que c’était la fin et qu’ils allaient m’exécuter. J’ai demandé une autre cigarette parce qu’au ciel, on ne peut pas fumer. J’ai fini la deuxième cigarette, j’ai jeté le mégot. J’ai mis mes mains derrière le dos et j’ai dit : je suis prêt. Tire ! Il a tiré, mais juste au-dessus de ma tête« .

« Je tremblais de tout mon corps, je suis tombé à genoux. »

Olexander

à franceinfo

Après ce simulacre d’exécution, les Russes libèrent Olexandre. Juste avant, ils lui font signer un papier. Il y est écrit qu’il s’engage à ne pas mener d’actions contre la Russie. Aucune autre explication ne lui est apportée. Depuis, le temps a passé, sa ville a été libérée, mais sa vie est toujours un enfer.

« Parfois je me réveille la nuit, j’en fais des cauchemars« , dit-il encore. La nuit, il revoit tout : le sac, la tête contre le sol, le canon contre la nuque. Quand il raconte, son regard est halluciné et ses yeux grands ouverts. Comme si, depuis ce jour de mars, il ne les avait plus jamais refermés.

Le calvaire d’Olexandre à Izioum – Reportage de Boris Loumagne

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