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Plan de sobriété énergétique : découvrez les principales mesures prises par le gouvernement

C’est la feuille de route qui doit permettre à la France de passer l’hiver sans coupures d’électricité. Le plan de sobriété du gouvernement est présenté par neuf ministres, jeudi 6 octobre. Dans le contexte de raréfaction du gaz en Europe liée à la guerre en Ukraine et de baisse de la production d’électricité nucléaire en France, le pays pourrait manquer d’énergie à l’approche de la période hivernale.

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Pour faire face à cette situation, mais aussi accélérer la transition énergétique, le gouvernement vise une réduction de 10% de la consommation d’énergie dans l’Hexagone. Afin d’y parvenir, il mise sur la « responsabilité » de chacun plutôt que sur la contrainte et souhaite que les services de l’Etat soient « exemplaires » sur ce sujet. Franceinfo vous détaille les principales mesures annoncées par le gouvernement. 

Une campagne baptisée « Chaque geste compte » 

Puisque c’est à chacun de prendre ses responsabilités, le gouvernement souhaite encourager les Français à faire des « écogestes ». Une grande campagne de communication sera lancée dès le lundi 10 octobre, mettant l’accent sur cinq gestes qui peuvent faire la différence. Parmi ces attentions du quotidien, on retrouve la limitation du chauffage à 19 °C dans les pièces principales, et même 17 °C dans les chambres, la baisse de la température de son chauffe-eau (à 55 °C) ou encore l’achat de thermostats programmables.

Les ménages sont également appelés à décaler l’usage de certains appareils énergivores, comme les lave-vaisselle ou les machines à laver, afin d’éviter des coupures lors des pics de consommation – généralement en début de soirée l’hiver. Comme le rappelle le gouvernement, chacun doit veiller à éteindre les appareils qui ne sont pas utilisés ou en veille. Et pour récompenser les foyers qui adoptent ces gestes, l’exécutif entend soutenir le « bonus sobriété » déjà proposé par certains fournisseurs d’énergie. Aucun montant n’a pour l’instant été communiqué.

Un bonus pour le covoiturage

La mobilité est l’un des axes principaux du plan, car elle représente « 32% des consommations d’énergie finales en France », fait valoir le gouvernement. Tout nouvel utilisateur qui s’inscrit sur une plateforme de covoiturage se verra ainsi offrir un bonus financier à utiliser sur ce service. Ce crédit, dont le montant devrait avoisiner la centaine d’euros, sera mis en place à partir du 1er janvier 2023. Les trajets longue distance et les trajets du quotidiens sont concernés par cette aide. 

Le gouvernement incite par ailleurs les Français à prendre le train et les transports en commun plutôt que la voiture, « lorsque cela est possible ». Il est notamment recommandé de prendre le train plutôt que l’avion pour les trajets professionnels de moins de quatre heures.

150 millions d’euros pour la rénovation des bâtiments publics

Rénover un bâtiment pour qu’il consomme moins d’énergie est un projet de long terme. Pour aller plus vite, l’exécutif veut mettre l’accent sur les petits travaux de rénovation dits à « gain rapide » dans les bâtiments de l’Etat. Ces investissements plus légers concernent souvent des équipements comme des chaudières plus économes, une meilleure isolation ou plus simplement des ampoules LED ou encore des thermostats intelligents. C’est donc une enveloppe supplémentaire de 150 millions d’euros qui va être débloquée dès ce mois-ci pour soutenir ce programme qui vise une économie de 250 GWh par an.

Couper l’eau chaude dans les bâtiments administratifs 

Le ballon d’eau chaude est l’un des équipements les plus gourmands en énergie de nos bâtiments. Il représente 10% de ce que consomme le bâti public, a souligné le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques au Parisien (article réservé aux abonnés). Le gouvernement veut donc supprimer l’obligation d’eau chaude dans les bureaux. Mais si l’eau chaude est jugée « indispensable », pour des douches ou le ménage par exemple, cette mesure ne sera pas applicable.

Pour accompagner les gestionnaires et s’assurer du bon suivi de la mesure, une centaine d’agents, nommés « ambassadeurs sobriété », vont être déployés partout en France. « Ce sont des emplois pérennes », a insisté le ministère auprès du Parisien, « composés de redéploiements et de nouvelles embauches »

Baisser la température dans les bâtiments et lieux publics

Les bureaux ne devront pas être chauffés à plus de 19 °C réglementaires, comme le prévoit le Code de l’énergie depuis 2016. La mesure sera obligatoire dans les administrations publiques. Dans les entreprises et les collectivités locales, elle est fortement encouragée. Si la situation devient trop tendue pour l’approvisionnement en électricité, la température maximale dans les bâtiments publics devra passer à 18 °C. 

Les gymnases et les collectivités locales sont déjà invités à en faire de même. La recommandation est de baisser d’un degré le chauffage dans les piscines municipales, et de deux degrés dans les gymnases. Plusieurs fédérations sportives se sont engagées à réduire le temps d’éclairage sur les stades.

Limiter l’éclairage public, voire le couper si nécessaire

L’éxécutif entend raisonner l’usage de l’éclairage sur la voie publique, qu’il s’agisse des lampadaires mais aussi des enseignes. Il s’agit en effet d’un poste de dépense important pour les collectivités (environ 30% de leur facture d’énergie, souligne le gouvernement). Pour cela, plusieurs pistes sont explorées : extinction des feux au milieu de la nuit, réduction de l’intensité lumineuse, installation d’éclairages LED automatisés…

Les maires pourront aussi s’appuyer sur des décrets pour demander l’extinction des enseignes et des publicités lumineuses entre 1 heure et 6 heures du matin. Un premier décret de ce genre a d’ailleurs été publié mercredi 5 octobre, comme l’a relevé sur Twitter l’avocat du droit de l’environnement Arnaud Gossement. 

Si le dispositif Ecowatt voit rouge, et que les consommations d’électricité sont trop importantes, les publicités lumineuses seront éteintes dans les lieux concernés, comme le prévoit la loi pouvoir d’achat adoptée cet été. 

Encourager le télétravail 

Le travail à distance peut permettre des économies d’énergie, s’il est organisé d’une certaine manière. Par exemple, lors d’un pont de trois ou quatre jours, lors duquel un bâtiment pourra être totalement fermé et donc consommer beaucoup moins. Il s’agit ici du « délai minimal pour rendre la mesure intéressante en termes d’économies d’énergie », précise un conseiller. Des tests vont d’ailleurs être menés dans des bâtiments publics à la fin du mois d’octobre.

Le ministère de la Fonction publique annonce aussi revaloriser l’indemnisation télétravail de 15%. Elle passe ainsi de 2,50 à 2,88 euros par jour, et suit en fait l’augmentation des prix de l’énergie prévue pour le début de l’année 2023.

Les fonctionnaires limités à 110 km/h 

La mesure avait entraîné une levée de boucliers lorsque la Convention citoyenne pour le climat l’avait proposée. Mais le gouvernement a choisi cette voie et recommande désormais aux agents disposant d’une voiture de service de limiter leur vitesse à 110 km/h au lieu de 130 km/h sur autoroute. L’objectif de cette mesure, qui ne concerne pas les déplacements urgents, est d’économiser 20% de carburant, estime l’exécutif.

Un coup d’accélérateur sera mis par ailleurs sur les formations à l’éco-conduite. Des modules supplémentaires seront proposés aux agents publics volontaires, précise le gouvernement, « pour les aider à adopter une conduite plus sobre, pour leurs trajets professionnels comme personnels ».

Une charte de « 15 actions concrètes » distribuée aux entreprises 

S’il n’est pas question pour le gouvernement de contraindre les entreprises, ces dernières sont tout de même chaudement invitées à mettre en œuvre 15 mesures pour lutter contre le gaspillage, mieux gérer leur consommation, soutenir la mobilité durable ou encore repenser l’organisation du travail. Pêle-mêle, on retrouve dans cette charte des engagements sur la température des locaux, l’éclairage intérieur la nuit, l’isolation des bâtiments ou encore l’usage du Wifi plutôt que des forfaits mobiles au bureau.

Les trajets professionnels sont aussi concernés. En signant cette charte, les entreprises s’engagent par exemple à regrouper les déplacements et n’avoir recours au transport aérien que si le train ne permet pas de faire le même trajet en moins de quatre heures. Enfin, les entreprises volontaires devront s’engager à présenter un plan sobriété au comité sociale et économique et aux délégués syndicaux. Un ambassadeur sobriété énergétique sera aussi désigné.


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