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Guerre en Ukraine : la Moldavie impuissante face à la menace russe

Trois missiles de croisière russes ont utilisé l’espace aérien de la Moldavie lundi 10 octobre, alors que la Russie a massivement frappé l’Ukraine. C’est en tout cas ce qu’affirme Nicu Popescu, le ministre des Affaires étrangères de cette petite république indépendante depuis 1991 et de la taille d’une région française. Les trois missiles ont été tirés depuis des bâtiments de la mer Noire et visaient sans doute la région de Lviv, à l’Ouest de l’Ukraine, la Moldavie se trouve exactement entre les deux.

L’ambassadeur russe a été convoqué par les autorités moldaves, mais ça ne changera pas grand-chose, parce que la Moldavie a peu de moyens d’actions. Elle a d’abord très peu de moyens militaires. Elle ne compte que 5 000 soldats d’active, dont moins d’un millier dans l’armée de l’air. Ses moyens aériens sont très faibles : une douzaine d’hélicoptères, pas de vraies batteries anti-aériennes, pas de drones. Bref aucune capacité d’interception. La Moldavie est un partenaire de l’OTAN, l’Alliance de défense occidentale, mais n’en est pas membre. Au printemps dernier, le Royaume-Uni en particulier a promis de renforcer l’aide logistique à Chisinau, la capitale moldave. Mais à ce stade, les moyens de la petite Moldavie demeurent très limités.  

Et en face, la menace russe est réelle. La Moldavie fait partie de ces zones géographiques dont Poutine considère qu’elles font partie de la grande Russie. Et c’est vraiment l’une des zones possibles d’extension du conflit. D’autant que depuis 30 ans, toute une partie du pays a fait sécession : la petite bande de Transnistrie, pro-russe, entre la Moldavie et l’Ukraine. 4 000 km2, 450 000 habitants, et surtout la base de stationnement de 1 500 soldats russes. C’est tout près de la grande ville d’Odessa au sud-ouest de l’Ukraine. Depuis de longs mois, la CIA regarde la Transnistrie comme une sorte de porte-avions dans les terres, de poste avancé de Moscou, susceptible d’être le point d’ancrage d’une extension du conflit et d’une prise en tenaille de l’Ukraine par le Sud.

En mai dernier, la zone avait d’ailleurs été secouée de tirs d’artillerie, qui avaient fait craindre le pire. À l’époque, Moscou avait finalement reculé dans la zone, en renonçant à attaquer le port d’Odessa. Et comme la Transnistrie à elle seule ne peut jouer un rôle militaire suffisant pour permettre à l’armée russe de progresser dans la zone, les craintes s’étaient un peu estompées. Mais les navires russes, et sans doute aussi les sous-marins russes, sont nombreux en mer Noire, juste à côté, avec plus d’une trentaine de bâtiments de surface.  

Parallèlement, la Moldavie cherche à adhérer à l’Union européenne. Bruxelles regarde la Moldavie à peu près de la même manière que l’Ukraine. Quand les Européens ont accordé à l’Ukraine le statut de candidat à l’Union fin juin, ils ont dans le même élan fait la même chose avec la Moldavie. L’Union européenne a également débloqué des fonds importants à destination de Chisinau : 13 millions pour l’aide humanitaire d’urgence, 150 millions de prêts et de subvention, et une absence totale de droits de douane pour un tas de produits agricoles, jusqu’à l’été prochain. La présidente moldave, Maia Sandu, est d’ailleurs une pro-européenne convaincue. Mais cette envie politique d’Europe ne met pas la Moldavie à l’abri des actions militaires russes.  


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