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Rugby : ce qu’il faut savoir de l’affaire Claude Atcher, dirigeant déchu de la Coupe du monde 2023 en France

A un an de la Coupe du monde de rugby en France, l’heure n’est toujours pas à la sérénité en coulisses. Claude Atcher, le directeur général de l’organisation de la compétition, a été démis de ses fonctions lundi 10 octobre par le Conseil d’administration du GIP, le groupement d’intérêt public en charge du Mondial. Atcher, grand artisan de l’obtention de cette Coupe du monde dans l’Hexagone, avait été mis à pied fin août.

Quel était le rôle de Claude Atcher ?

Déjà directeur technique de la Coupe du monde 2007, l’homme de 66 ans est un des principaux artisans, longtemps dans l’ombre, de la Fédération française de rugby. L’Aveyronnais était le fil rouge de l’organisation de l’événement. Directeur de la candidature de la France jusqu’au choix de World Rugby en décembre 2017, puis directeur général de France 2023, Atcher est celui qui personnifie cette Coupe du monde.

Que lui est-il reproché ?

Claude Atcher a été épinglé par une première salve de révélations du journal L’Equipe le 22 juin dernier sur les conditions de travail et l’ambiance au sein du Comité d’organisation de la Coupe du monde. Deux rapports, un du Comité d’éthique et un de l’inspection du travail, pointent du doigt une gestion « par la peur » du personnel. Le comité d’éthique dénonce « des pratiques managériales alarmantes altérant le fonctionnement de la structure et de l’état de souffrance d’un certain nombre de collaborateurs« .

Pressions, harcèlement, burn-out répétés… Les faits sont accablants, et ont poussé la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, à annoncer sa mise à pied « à titre conservatoire » lundi 29 août. Avant de voir son contrat à durée déterminée être « rompu de manière anticipée, pour faute grave » lundi soir à la suite d’un Conseil d’administration d’urgence du GIP.

Quels sont ses liens avec Bernard Laporte et Mohed Altrad ?

Claude Atcher est considéré comme un des plus proches fidèles de Bernard Laporte, actuel président de la Fédération française de rugby et ex-sélectionneur du XV de France. Atcher avait notamment participé à la campagne de Bernard Laporte pour la tête de la FFR fin 2016. Depuis, l’homme d’affaires – sa société Score XV à qui la Fédération a confié plusieurs missions ces dernières années – est resté un des personnages les plus influents du rugby tricolore.

Claude Atcher, patron de la candidature française pour la Coupe du monde 2023 et Bernard Laporte, président de la Fédération française de rugby, le 15 novembre 2017 à Londres. (PAUL CHILDS / REUTERS)

Claude Atcher, patron de la candidature française pour la Coupe du monde 2023 et Bernard Laporte, président de la Fédération française de rugby, le 15 novembre 2017 à Londres. (PAUL CHILDS / REUTERS)

Claude Atcher figure par ailleurs sur le banc des accusés dans l’affaire de trafic d’influence et de corruption autour de Bernard Laporte et Mohed Altrad, et sera fixé sur son sort le 13 décembre prochain. Le parquet national financier a requis contre le désormais ex-patron de la Coupe du monde une peine de deux ans de prison (dont un avec sursis), trois ans d’interdiction de gérer une société commerciale ainsi qu’une année d’interdiction de toute fonction, même bénévole, en lien avec le rugby, le tout assorti d’une amende de 50 000 euros. Atcher est par ailleurs impliqué dans une enquête pour frais indus de VTC qu’il aurait fait porter à France-2023.

Quelles sont les conséquences pour la Coupe du monde 2023 ?

Une nouvelle équipe dirigeante a été nommée à la tête du comité d’organisation du Mondial avec Julien Collette, nouveau capitaine à bord. Collette, ancien adjoint de Claude Atcher, avait assuré l’intérim le temps de la mise à l’écart de son ancien supérieur. Il sera entouré de Martine Nemecek comme directrice adjointe avec pour objectif déclaré « la poursuite de la préparation de la Coupe du monde de rugby 2023 avec le plus haut niveau de professionnalisme, dans un climat social apaisé » selon un communiqué de l’instance.

Dans une enquête de L’Equipe, un ancien membre du GIP assurait qu' »aujourd’hui, tout est sur les rails, les 48 matches de la Coupe du monde seront livrés, c’est une certitude« . La direction du GIP avait indiqué, suite au premier article du quotidien national que « sans M.Atcher, sans son autorité et son leadership, il est pratiquement impossible d’organiser cette Coupe du monde« . C’est pourtant bien ce qui va se produire, alors que le coup d’envoi de la compétition est fixé au 8 septembre 2023.


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