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Pénurie de carburant : combien de temps faudra-t-il pour espérer un retour à la normale dans les stations-service ?

L’annonce des réquisitions est une évolution majeure dans la crise des carburants. Le gouvernement a décidé, mardi 11 octobre, de lancer la réquisition des personnels essentiels au fonctionnement des dépôts de carburant du groupe Esso-ExxonMobil des raffineries de Gravenchon-Port-Jérôme (Seine-Maritime) et de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). 

Dans les faits, ces réquisitions doivent permettre de libérer les stocks de carburant et redémarrer les livraisons. Elles s’appuient sur un article du code des collectivités territoriales qui donne ce pouvoir aux préfets, en cas d’atteinte constatée ou prévisible au bon ordre. C’est ce qu’a estimé le gouvernement pour actionner ce levier. La préfecture ne réquisitionne pas l’ensemble des salariés du site, sans quoi cela serait considéré comme une atteinte au droit de grève. Plusieurs décisions font d’ailleurs jurisprudence et indiquent que c’est bel et bien un service minimum qui doit être mis en place, et non un service normal.

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Seuls les salariés du dépôt seront concernés, pas ceux de la raffinerie. S’ils refusent, ils risquent jusqu’à six mois de prison et 10 000 euros d’amendeUne fois l’arrêté signé, les salariés concernés vont recevoir des notifications qui leur demandent de se rendre au travail, selon leurs horaires et les besoins de la production. Cela peut donc être immédiat. Cependant, il y a un délai de plusieurs jours avant que les stations refassent le plein. 

A priori, une fois que les arrêtés préfectoraux de réquisition sont publiés, il ne faut que quelques heures pour relancer les expéditions de carburant en toute sécurité. Ces personnels sont ceux qui ouvrent les vannes, au sens propre du terme. Ils sont donc indispensables au chargement des camions-citernes. Les stocks, eux, sont pleins, il y a l’équivalent de plusieurs semaines de production stockées dans les cuves des dépôts Esso-ExxonMobil de Gravenchon-Port-Jérôme et Fos-sur-Mer. 

Ce carburant pourra donc permettre d’alimenter les stations du groupe, surtout au nord de la France, en Normandie et en Ile-de-France où la situation est très tendue. Mais cela « ne va pas révolutionner la situation« , tempère tout de même sur franceinfo Eric Layly, président de la Fédération française des combustibles. Selon lui, il faudra au moins « deux à trois jours » pour que la situation s’améliore concrètement, et « uniquement à proximité » des dépôts concernés. Il précise qu’une fois la grève terminée, il faudra « une dizaine de jours » pour que tout revienne à la normale. 

Tout cela dépendra en grande partie des négociations chez Esso-ExxoMobil et chez TotalEnergies qui n’est pas encore concerné par les réquisitions. Le groupe américain a déjà signé un accord avec la CFDT et la CGE-CGC, qui représentent 58% des salariés français : il accorde une augmentation de 6,5% des salaires, une prime de plus de 3 000 euros et une prime de mobilité de 750 euros. Mais la CGT et FO ne sont pas d’accord et poursuivent le mouvement, d’où les réquisitions. La situation est bloquée, la direction estime avoir déjà négocié. 

Chez TotalEnergies, les portes semblent se déverrouiller un peu. La direction accepte de recevoir tous les syndicats, y compris les grévistes. La CGT veut y envoyer une délégation avec des revendications précises. La direction, elle, ne veut pas ouvrir de discussion sur le fond avant la tenue des négociations annuelles obligatoires. La CGT réclame une augmentation salariale de 10% hors primes. Le groupe n’a fait pour le moment aucune proposition concrète.


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