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Retraite de Franck Ribéry : comment l’international français est devenu « Kaiser Franck » au Bayern Munich

Si l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs, elle l’était bien en Allemagne pour Franck Ribéry. Né à Boulogne-sur-Mer, dans le quartier défavorisé du Chemin Vert, l’international français, qui a annoncé sa retraite professionnelle vendredi 21 octobre, a passé douze ans outre-Rhin, au Bayern Munich, où il a été plus épanoui que jamais. Adopté par la Bundesliga, le Français a fait de l’Allemagne sa maison. Un amour réciproque entre l’ailier du Bayern Munich et le pays de Goethe, qui le lui a rendu par un surnom qui en dit long du respect envers Ribéry outre-Rhin, où l’on parlait de « Kaiser Franck ».

Ce surnom, seul un joueur en avait eu l’honneur dans l’histoire du football germanique. Et pas n’importe lequel : Franz Beckenbauer, champion du monde 1974, double Ballon d’Or (1972, 1976), et capitaine emblématique du Bayern entre 1964 et 1977. Le défenseur, équivalent de Zidane dans la mémoire collective allemande, avait hérité de ce surnom après avoir posé à côté du buste de l’empereur autrichien François-Joseph Ier en 1968. Depuis, personne n’avait eu les épaules – et les pieds – pour s’en montrer digne. Personne, sauf Franck Ribéry.

Souvent moqué en France, Franck Ribéry a trouvé en Allemagne une terre d’asile bienvenue. Il faut dire que le conte de fée avait commencé de la meilleure des manières. En 2007, après deux saisons pleines à l’OM, et un an après avoir explosé aux yeux du monde lors de la Coupe du monde en … Allemagne, Franck Ribéry veut franchir un cap. Le Français, qui vient de qualifier l’OM pour la prochaine Ligue des champions, éconduit Lyon et le Real Madrid, au profit du Bayern Munich, pour l’un des plus importants transferts du club.

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Le géant bavarois est alors en pleine reconstruction, et même pas qualifié pour la C1, après sa quatrième place en championnat. L’adaptation est express : Ribéry inscrit 21 buts et signe 15 passes décisives pour sa première saison, conclue par un titre de champion. Et un nouveau surnom, donc : celui de Kaiser Franck. De quoi même vexer un peu la légende Franz Beckenbauer, qui finira par l’adouber : « Quand nous l’avons engagé, c’est comme si nous avions gagné au Loto », glisse l’ancien défenseur.

Après des exercices freinées par les blessures, c’est entre 2011 et 2014 que Franck Ribéry illumine le plus l’Allemagne de son talent. Meilleur passeur du championnat en 2012 et 2013, mais aussi meilleur joueur en 2008 et 2013, il devient l’homme fort d’un Bayern qui réalise une année 2013 exceptionnelle. Après deux finales perdues en 2010 et 2012, les Bavarois décrochent la Ligue des champions cette année-là. Ribéry est élu joueur de l’année par l’UEFA, et prétend légitimement au Ballon d’Or. Finalement battu par Cristiano Ronaldo et Lonel Messi, il ne s’en remettra jamais vraiment.

Après avoir atteint ce sommet, Ribéry plane en Allemagne jusque 2014, avant de prolonger le plaisir. A l’heure de quitter le Bayern en 2019, on parle de lui comme d’une légende. Ses 22 titres au club (9 championnats, 6 coupes nationales, 4 Supercoupes d’Allemagne, 1 Ligue des champions, 1 Supercoupe d’Europe, et 1 Coupe du monde des clubs) et ses 137 buts et 161 passes décisives en 485 matchs le placent en effet au panthéon du Bayern.

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Mais si l’Allemagne a tant aimé Franck Ribéry, c’est aussi pour sa personnalité. Devenu parfaitement bilingue au fil des mois, le Français ne parlait pourtant pas un mot à son arrivée. Pour s’intégrer, il avait donc opté pour la stratégie du clown de service.  Dentifrice sur les poignées de porte, scotch pour bloquer les portes, sel dans l’eau… « Ch’Ti Franck » n’avait aucune limite au centre d’entraînement. A l’image de son coup le plus célèbre : renverser un seau d’eau glacée sur la tête d’Oliver Kahn, pas connu pour son sens de l’humour. 

En 2015, Franck Ribéry confiait même au magazine Bild qu’il pourrait prendre la nationalité allemande, et plus si affinités : « Je me vois tout à fait rester ici après ma carrière. Mes enfants se sentent bien à l’école, ils ont des copains allemands. Ma fille, Hiziya, se moque de mon allemand, ça me fait beaucoup rire ! Et mon fils Saïf est né ici. Il pourra même jouer pour l’Allemagne, plus tard ». Si tel est le cas, il aura fort à faire pour faire oublier le père en Bavière.


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