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Retraite de Franck Ribéry : huit ans d’amour, de désaveux et de rédemption en équipe de France

La « routourne », célèbre néologisme de l’intéressé, s’est arrêtée de tourner. Après 19 ans de carrière professionnelle, Franck Ribéry a décidé de mettre fin à sa carrière, vendredi 21 octobre. A 39 ans, l’international français aux 81 sélections a annoncé ne plus pouvoir continuer à jouer en raison de douleurs persistantes au genou, ce qui le contraint à ne pas poursuivre son aventure le club italien de la Salernitana, rejoint la saison passée.

Avec cette retraite, la France du foot perd l’un de ses visages les plus emblématiques du XXIe siècle. Car s’il ne s’est pas tout le temps montré sous son meilleur jour en Bleu, Ribéry a toujours suscité des émotions poussées à l’extrême durant ses huit années en sélection.

Un départ comme une fusée. C’est ainsi que l’on pourrait résumer les débuts du natif de Boulogne-sur-Mer en équipe de France. A l’époque, Ribéry brille sous le maillot marseillais. Après une saison 2005-2006 canon qui lui a valu le titre de meilleur espoir de Ligue 1, Raymond Domenech tente le pari de l’inclure, comme invité de dernière minute, dans sa liste pour le Mondial en Allemagne.

Deux semaines avant la Coupe du monde, Ribéry fait donc ses débuts chez les A contre le Mexique, en remplaçant de David Trézéguet. Mais le Nordiste n’a pas froid aux yeux et se fait même remarquer en provoquant un penalty, puis un contre son camp lors des matchs de préparation.

Zinédine Zidane (à gauche) et Franck Ribéry (à droite) célébrant le troisième but des Bleus contre l'Espagne en huitièmes de finale de la Coupe du monde, le 27 juin 2006. (DAVID HECKER / DDP)

Zinédine Zidane (à gauche) et Franck Ribéry (à droite) célébrant le troisième but des Bleus contre l'Espagne en huitièmes de finale de la Coupe du monde, le 27 juin 2006. (DAVID HECKER / DDP)

Résultat : en Allemagne, le prodige de 23 ans part titulaire sur l’aile droite de l’attaque françaiseaux côtés de Zinédine Zidane ou encore Thierry Henry. Avant la révélation. Un soir de France-Espagne, en huitièmes de finale, et alors que les Ibères, qui mènent 1-0, pensent envoyer Zizou à la retraite, Ribéry sonne la révolte des Tricolores avec une action de grande classe. Lancé en profondeur par Patrick Vieira, le môme génial élimine le grand Iker Casillas et marque le premier de ses 16 buts internationaux. Remise sur les bons rails, la France s’imposera 3-1 et ira même jusqu’en finale.

Mais après un fol été allemand, celui qui doit prendre la relève du Ballon d’or 1998 ne se montre jamais capable d’assumer ce rôle de taulier. Du moins pas en Bleu. Alors qu’il flambe à Munich, Ribéry ne parvient pas à éviter au bateau France de se prendre l’iceberg à l’Euro 2008 – sortant sur civière lors du match décisif contre l’Italie -, avant d’accélerer le naufage des siens deux ans plus tard.

Cité dans l’affaire Zahia à quelques mois du Mondial sud-africain, le Boulonnais se met à dos une partie des fans à cause de relations sexuelles présumées avec une prostituée mineure en 2009. Même si d’autres internationaux sont impliqués, comme Karim Benzema, le joueur du Bayern est désigné comme l’instigateur de ce qui lui faudra une mise en examen pour « sollicitation de prostituée mineure » en juillet 2010 [la justice le blanchira en le relaxant début 2014]. Même s’il soutient « ignorer qu’elle était mineure au moment de leur rencontre », son image est ternie.

L’épisode de Knysna vient ensuite acter la rupture avec l’opinion publique française. Un climat délétère règnait déjà autour des Bleus avant le Mondial, mais les choses s’emballent en Afrique du Sud quand Nicolas Anelka est exclu du groupe France pour avoir vraisemblablement insulté le sélectionneur.

Dans ce contexte calamiteux, Franck Ribéry décide de s’exprimer de manière improvisée, se présentant en claquettes sur le plateau de Téléfoot le matin du 20 juin 2010, pour nier des tensions entre Yoann Gourcuff et lui.

Sa prise de parole remarquée lui est vite reprochée car l’après-midi même, les joueurs de l’équipe de France refusent de descendre du bus et boycottent l’entraînement. Le tout avant de forcer Raymond Domenech à lire une lettre ouverte face aux caméras du monde entier. Avec cette humiliation nationale, sa passe décisive pour Florent Malouda contre l’Afrique du Sud, sur ce qui reste le seul but des Bleus dans la compétition, est bien vite oubliée.

Rappelé sept mois après Knysna, Ribéry retrouve peu à peu sa place de cadre dans l’équipe de France de Laurent Blanc. Mais c’est sous Didier Deschamps que le Bavarois se refait une réputation en Bleu. Auteur de six buts, mais surtout 12 passes décisives dont deux lors du barrage retour victorieux contre l’Ukraine en vue du Mondial 2014, celui que l’Allemagne surnomme « Kaiser Franck » prend les rênes de l’équipe de France.

Franck Ribéry et le public du Stade de France, un soir de France-Ukraine après la qualification des Bleus pour la Coupe du monde 2014 au Brésil, le 19 novembre 2013. (JEAN MARIE HERVIO / DPPI MEDIA)

Franck Ribéry et le public du Stade de France, un soir de France-Ukraine après la qualification des Bleus pour la Coupe du monde 2014 au Brésil, le 19 novembre 2013. (JEAN MARIE HERVIO / DPPI MEDIA)

Mais « Francky » marche à l’affect et son échec au Ballon d’or 2013, après avoir pourtant aidé le Bayern à réaliser un triplé historique Coupe-Championnat-Ligue des champions, le freine avant le Brésil. Trop souvent blessé, il manque finalement le tournoi, laissant son numéro 7 fétiche à Antoine Griezmann. En août 2014, le 8e meilleur passeur de l’histoire des Bleus annonce finalement sa retraite internationale dans les médias allemands. Comme un symbole.


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