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Royaume-Uni : que va-t-il se passer après la démission de Liz Truss ?

Elle n’aura passé que 45 jours à la tête du pays. Il s’agit du plus court mandat d’un Premier ministre britannique dans l’histoire du pays. La conservatrice Liz Truss, très critiquée pour ses positionnements économiques et politiques radicaux, a démissionné jeudi 20 octobre.

>> RECIT FRANCEINFO. Comment la Première ministre démissionnaire, Liz Truss, a plongé le pays dans la crise en quelques semaines.

Qui va prendre les rênes du pays ? Tandis que le Parti conservateur met en place un processus accéléré en interne, les partis d’opposition, en embuscade, réclament des élections générales anticipées. Franceinfo vous fait le point sur la situation de l’autre côté de la Manche.

Huit jours pour trouver un successeur à Liz Truss

A l’annonce de la démission de leur leader, le Parti conservateur a prestement organisé une primaire interne, qui doit aboutir rapidement à la nouvelle nomination de leur chef. Son nom sera dévoilé d’ici au 28 octobre, à en croire Graham Brady, président du comité 1922, qui réunit des députés conservateurs chargés de l’organisation du parti. Pour les prétendants, les délais sont encore plus courts : ils ont jusqu’à lundi, à 13 heures, pour obtenir 100 parrainages de députés conservateurs. Ce seuil limite de fait la course à trois candidats maximum, les Tories comptant 357 députés à la Chambre des communes.

Le nombre de parrainage requis est même « inédit, pour faire en sorte qu’il y ait le moins de candidats possible ou peut-être même un seul dès lundi », analyse le journaliste Richard Place, correspondant au Royaume-Uni pour France Inter. Si d’aventure un seul nom n’émergeait pas durant le processus, les députés devraient se mettre d’accord sur deux candidatures. Elles seraient ensuite départagées par un vote en ligne des 170 000 adhérents du parti d’ici le 28 octobre. En attendant, Liz Truss reste au pouvoir.

Une succession incertaine dans un pays en crise

Aucun candidat du parti conservateur ne s’est encore officiellement présenté, mais des noms circulent dans les sphères de la Chambre des communes. L’ex-ministre des Finances Rishi Sunak (battu par Liz Truss lors du précédent vote), l’ancienne ministre de la Défense Penny Mordaunt ou encore… l’ex-Premier ministre Boris Johnson, qui a démissionné en juillet.

La personne qui remplacera Liz Truss aura for devra faire face à un contexte social et économique tendu. L’inflation dépasse les 10%, notamment avec la flambée des prix de l’énergie. Elle touche de plein fouet les ménages britanniques. Des grèves pour réclamer, entre autres, une hausse des salaires se sont multipliées ces derniers mois. 

Les partis d’opposition en embuscade

Si le Parti conservateur se hâte, c’est parce qu’il se sait fragilisé. Certes, il dispose actuellement d’une majorité absolue à la Chambre des communes (l’une des deux chambres du Parlement britannique), mais les derniers sondages le donnent largement perdant en cas de nouvelles élections, notamment face au Parti travailliste. Le 29 septembre, l’institut de sondage YouGov donnait 33 points d’avance au Labour.

Réagissant à la démission de Liz Truss, le dirigeant des travaillistes, Keir Starmer, a appelé jeudi à la tenue d’élections législatives anticipées. « La Grande-Bretagne ne peut pas se permettre le chaos des Tories. Mon gouvernement travailliste fournira la stabilité et le leadership nécessaires. Pour notre économie, pour la croissance, pour les travailleurs », a-t-il écrit sur Twitter.

« Nous n’avons pas besoin d’un autre Premier ministre conservateur vacillant de crise en crise », a renchéri sur le même réseau social (contenu en anglais) le dirigeant des libéraux-démocrates, Edward Davey, appelant lui aussi à la tenue d’élections législatives et à bouter les conservateurs « hors du pouvoir ». « C’est le gouvernement le plus chaotique et incompétent que j’ai vu de toute ma vie », s’est-il agacé dans un autre tweet (contenu en anglais).

De son côté, la Première ministre écossaise, l’indépendantiste Nicola Sturgeon, a déploré « une pagaille totale » dont les habitants du Royaume-Uni « paient le prix ». La tenue d’élections législatives est selon elle « une nécessité démocratique ».


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