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REPORTAGE. « C’est la première fois que je vois ça » : avec la chaleur automnale, les maraîchers s’inquiètent pour leurs plantations de légumes

« Vous avez encore des tomates ! Super ! » Cette cliente vient faire son marché chez Daniel Soudent, un maraîcher à Pradines, dans le Lot, et elle est ravie. « Les tomates au mois d’octobre, en général, il n’y en a plus de chez nous, lance-t-elle. Les tomates qu’on trouve, ce sont celles d’Espagne. » Les douces températures d’automne persistent en France avec des températures bien supérieures aux normales de saison :  plus de 25°C, voire 30°C dans certaines régions. Cette chaleur tardive a des conséquences sur les plantations de légumes.

INFOGRAPHIES >> Visualisez la vague de chaleur « totalement inédite » qui touche la France depuis mi-octobre

« Ça me fait plaisir parce qu’elles sont bonnes », rigole la cliente. Des tomates juteuses parce qu’elles ont été baignées par le soleil et la chaleur. Sous la serre ce matin, il fait déjà 26°C, relève Daniel Soudent. Il fera 40°C l’après-midi prédit le maraîcher, quinze degrés de plus que la normale. Et ça a aussi des conséquences sur les aubergines. « Normalement, la production est déjà arrêtée et les plants sont déjà morts, explique le maraîcher. J’en ai ramassé une centaine de kilos ce matin. »

« C’est des beaux fruits, les aubergines sont de nouveau en fleurs. Si on a deux semaines de ce temps étrange, j’aurai encore une récolte de plus. Je n’ai jamais vu ça. »

Daniel Soudent, maraîcher

à franceinfo

Cela représente près de 3 000 euros de chiffre d’affaires supplémentaire, mais le maraîcher craint que la chaleur tardive ne fasse des victimes chez ses légumes d’hiver qui sont plantés dehors. « Si on a encore deux ou trois ou quatre semaines peut être que mes poireaux vont monter en fleurs et ce sera invendable, craint le maraîcher. On a les radis noir qui normalement ont des feuilles qui font 25 ou 30 cm de haut alors que là, on est à 70 cm. Si dans un mois, un mois et demi, on a un bon coup de gel, quand le plan sera haut et qu’il y aura davantage de feuilles sur le plant, le gel peut avoir davantage d’effets sur la croissance ou carrément tuer les plantes. »

Avec la chaleur, ça pousse trop vite. Et si certains légumes, comme la carotte, peuvent rester longtemps en terre une fois mûrs, ce n’est pas le cas de la salade qui pourrit, regrette Christophe Le Hénanff, maraîcher à Souillac : « Les dernières plantations de salades du 10 septembre, elles sont toutes bonnes depuis au moins une dizaine de jours. Normalement, à cette saison, les salades poussent doucement et on peut étaler ça sur plusieurs semaines. Il y en a tellement, on ne peut pas tout vendre à la fois. On va avoir au moins 30% de pertes, c’est sûr. C’est la première fois que je vois ça. » Cet automne, Christophe Le Hénanff doit aussi davantage arroser ses plans 20% d’eau en plus à cause de la chaleur et de la sécheresse.


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