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Yaël German – Pourquoi l’accord maritime entre Israël et le Liban est historique

« L’accord maritime historique entre Israël et le Liban démontre clairement que, lorsque nos voisins sont disposés à négocier nos différends de manière pragmatique et pacifique, des solutions mutuellement bénéfiques peuvent être trouvées. Ainsi, une fois de plus, l’une des préconceptions les plus persistantes sur le conflit israélo-arabe, qui voudrait qu’aucune entente ne puisse être trouvée entre Israël et les pays de la région, s’est révélée erronée.

L’accord négocié par les États-Unis, avec la participation active et décisive de la France, est non seulement contraignant et internationalement reconnu, mais il met surtout officiellement fin à un différend maritime larvé dans l’est de la Méditerranée. Il délimite notre frontière maritime avec le Liban de la fin des cinq premiers kilomètres depuis la côte jusqu’à l’extrémité de la zone économique exclusive.

Ce texte est particulièrement important, car il fait également office, de facto, d’une première reconnaissance de l’État d’Israël par le Liban, qui entretient depuis de nombreuses années une politique hostile envers son voisin du Sud. Cette reconnaissance mutuelle entre les deux États ennemis est un exemple supplémentaire des changements tectoniques qui ont lieu en ce moment au Moyen-Orient.

Les nombreuses manifestations de soutien à l’accord venant des gouvernements et des pays arabes de la région sont un symbole fort de ce nouveau paradigme dans lequel Israël n’est pas seulement un acteur légitime de la région, mais aussi une puissance régionale respectée et courtisée.

Bouée de sauvetage financière

Par ailleurs, ce texte permet de statuer de façon définitive sur trois points essentiels. Premièrement, les parties conviennent que le statu quo actuel concernant la délimitation des cinq premiers kilomètres au large des côtes israéliennes est maintenu. Deuxièmement, il établit la part des revenus qu’Israël percevra de la plateforme de forage de Saïda, du côté libanais du champ transfrontalier de gaz naturel. Enfin, troisièmement, il prévoit l’aide des États-Unis pour résoudre tout différend futur concernant l’accord ou tout nouveau champ transfrontalier qui serait découvert à l’avenir.

Nous espérons voir un Liban stable prospérer le long de notre frontière nord.

Ce texte est bénéfique pour l’économie libanaise. Les gisements de gaz transfrontaliers, même ceux partagés avec des pays amis, sont généralement difficiles à exploiter. Dans notre cas, il est évident que, sans un accord, aucune plateforme n’aurait pu être construite dans ce champ gazier transfrontalier et aucun des deux partis n’aurait eu la moindre chance de pouvoir en tirer profit.

Avec cet accord — s’il s’avère que la plateforme de forage est commercialement viable — Saïda fournira une bouée de sauvetage financière à l’économie libanaise. Il apportera également au Liban une source d’énergie constante et fiable, indispensable au bien-être de la population, qui souffre quotidiennement de coupures de courant.

Israël soutient cette vision et nous espérons voir un Liban stable prospérer le long de notre frontière nord. Ceci est aussi une des seules façons pour le pays de s’émanciper de l’influence obscurantiste et mafieuse du Hezbollah.

Dix ans de négociations

L’un des principaux intérêts d’Israël dans cet accord est de renforcer la stabilité stratégique dans la région, notamment en maintenant nos capacités défensives et notre dissuasion, y compris contre les attaques sur nos infrastructures gazières. La reconnaissance du statu quo sur les cinq premiers kilomètres de la frontière maritime maintient la situation existante dans cette zone sensible, nous permettant ainsi de continuer à protéger les communautés côtières des incursions et des attaques terroristes, notamment en provenance du Hezbollah.

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De plus, ce texte neutralise un foyer de tensions et permet à l’État fragile du Liban de développer une source importante de revenus tout en garantissant sa sécurité énergétique. Il contribue à la stabilité de la zone et incite le pays du Cèdre à maintenir le calme dans la région. Il renforce également l’indépendance économique et énergétique du Liban, réduisant ainsi sa dépendance à l’ingérence iranienne.

Malgré les importants compromis que nous avons consentis, y compris d’un point de vue économique, notre pays percevra une part des bénéfices du réservoir de gaz de Saïda, si celui-ci se révèle viable. Israël souhaitait depuis longtemps conclure un accord maritime avec le Liban. Nous avons agi avec sérieux et conviction — aux côtés de leaderships américain et français déterminés — pour atteindre cet objectif, même lorsque l’organisation terroriste du Hezbollah a entrepris de dangereuses provocations dans la zone.

Si nos voisins s’alignent sur les positions raisonnables et réalistes, ils recevront toujours une main tendue de l’État d’Israël.

Ce texte est l’aboutissement de dix ans de négociations. Notre volonté de résoudre pacifiquement ces questions et les efforts considérables déployés par les États-Unis et la France auraient été vains si le Liban n’avait pas décidé de modérer enfin certaines de ses demandes, malheureusement excessives. Le retour à la raison de nos voisins ces derniers mois va de pair avec une tendance régionale plus globale de modération, de stabilisation et de développement économique.

Cet accord historique ne règle pas seulement des différends spécifiques entre nos deux pays, il est un parfait exemple de la façon dont des accords peuvent être conclus entre des pays qui n’entretiennent pas de relations diplomatiques. Il s’agit également d’une preuve supplémentaire que, si nos voisins montrent de la bonne volonté et s’alignent sur les positions raisonnables et réalistes, ils recevront toujours une réponse positive et une main tendue de l’État d’Israël.

Ceci est vrai pour le Liban, mais aussi pour Gaza et d’autres territoires et pays de la région. Nous sommes ainsi convaincus que cet accord contribuera à nous permettre, à terme, de nouer des liens avec les dernières nations de la région avec lesquelles nous n’avons pas encore de relations. »


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