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Le prix Goncourt 2022 est attribué à Brigitte Giraud pour son roman « Vivre vite » et le Renaudot revient à Simon Liberati pour « Performance »

C’est la treizième femme à obtenir ce prix. Brigitte Giraud, 62 ans, remporte le prix Goncourt 2022 pour Vivre vite (Flammarion), jeudi 3 novembre. Son roman intimiste revient sur l’enchaînement des événements qui ont conduit à la mort de son compagnon dans un accident de moto, en 1999.

Elle l’a emporté au 14e tour d’un scrutin très serré face à Giuliano da Empoli, grâce à la voix du président Didier Decoin qui compte double, et succède ainsi au Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr. L’Académie Goncourt a fait le choix d’une autrice peu connue du grand public et pas habituée aux gros chiffres de vente, poursuivant ainsi un certain renouveau.

Lyonnaise, native d’Algérie, Brigitte Giraud a écrit une dizaine de livres, romans, essais ou nouvelles. Elle a obtenu le Goncourt de la nouvelle 2007 pour le recueil L’amour est très surestimé. En 2019, elle a été finaliste du prix Médicis pour Jour de courage.

C’est en hommage à son mari tué dans un accident il y a plus de vingt ans que la romancière Brigitte Giraud a écrit Vivre vite. Le 22 juin 1999 à Lyon, son mari Claude démarre trop vite à un feu, avec une moto trop puissante qui n’est pas la sienne, et tombe. Il ne s’en relèvera pas.

En 2001, elle avait raconté les semaines suivant cette mort dans À présent. Elle l’appelle « le livre de la sidération, de la déflagration, du fracas juste après ».

À l’époque du drame, elle avait 36 ans, un fils très jeune, une maison qu’ils venaient d’acheter, dans laquelle elle a emménagé sans lui. « Je savais depuis longtemps qu’il faudrait que j’écrive le livre. Le livre qui soit à la hauteur de Claude, de notre histoire d’amour, celui qui embrasse tout ça et qui recherche la vérité, toutes les vérités », dit-elle. Mais « je n’aurais pas pu l’écrire avant une période de 20 ans, parce qu’il fallait que je sois à bonne distance ».  Quand il a été temps de vendre la maison de Caluire-et-Cuire à côté de Lyon, l’écriture est venue. Et avec elle, l’envie d’élucider certaines circonstances restées floues pendant de longues années. 

En choisissant Vivre vite, les jurés Goncourt élisent un récit sobre et sensible, qui a été tout de suite bien accueilli par la critique. Comme dans l’accident, fruit d’une chaîne d’événements improbables, « il y a eu, là aussi, un effet domino ». Mais « là il s’est passé de belles choses ». 

Trois autres auteurs étaient finalistes du plus ancien prix littéraire français, qui récompense depuis 1903 « le meilleur ouvrage d’imagination en prose, paru dans l’année » et écrit par un auteur d’expression française.

Longtemps favori, Giuliano da Empoli, 49 ans, qui a publié en avril Le Mage du Kremlin (Gallimard), devra finalement se contenter du Grand Prix du roman de l’Académie française, qu’il a remporté fin octobre.

A nouveau présente en finale, la florissante littérature haïtienne voit encore une fois lui échapper le Goncourt, Makenzy Orcel (Une somme humaine chez Rivages) ne parvenant pas à s’imposer. Pas plus que Cloé Korman, autrice et plume des discours du ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye, qui concourait avec Les Presque sœurs, aux éditions du Seuil.  

Le prix Renaudot a également été attribué jeudi à Simon Liberati pour Performance (Grasset), sur un écrivain septuagénaire qui renoue avec le feu sacré en écrivant un scénario sur les Rolling Stones, et a une relation avec une femme de près de 50 ans plus jeune que lui. Il a obtenu 6 voix parmi les membres du jury. « Tout ce qui est dans ce registre, je ne vous apprendrais pas mon cher que c’est assez, comment dire, c’est rarement prévu », a réagi le romancier de 62 ans, devant la presse.  

Claudie Hunzinger figurait également dans la liste des finalistes pour son roman Un chien à ma table

Né en mai 1960 à Paris, Simon Liberati a notamment collaboré aux magazines FHM et Grazia après des études à la Sorbonne. A 44 ans, il publie son premier ouvrage, Anthologie des apparitions (Flammarion), considéré par beaucoup comme un roman culte sur l’adolescence.

Son troisième roman, L’hyper Justine, a obtenu en 2009 le prix de Flore. Il raconte l’histoire d’un petit escroc fasciné par une jeune anglaise mêlée à un projet cinématographique inspiré de Sade. En 2011, il remporte le Femina pour Jayne Mansfield 1967, sur l’actrice et pin-up peroxydée au destin tragique. Quatre ans plus tard, Simon Liberati consacre un livre à son ancienne compagne, la romancière Eva Ionesco, qui fut une des habituées du Palace au tournant des années 80.

Le prix Renaudot a également été attribué jeudi à Simon Liberati pour Performance (Grasset), sur un écrivain septuagénaire qui renoue avec le feu sacré en écrivant un scénario sur les Rolling Stones, et a une relation avec une femme de près de cinquante ans plus jeune que lui. Il a obtenu six voix parmi les membres du jury. Claudie Hunzinger figurait également dans la liste des finalistes pour son roman Un chien à ma table

Les prix littéraires, qui inspirent souvent les Français souhaitant découvrir ou offrir un roman en fin d’année, sont un enjeu économique crucial. Le Goncourt, en particulier, garantit des centaines de milliers de ventes.

Comme le veut la tradition, Brigitte Giraud repart aussi avec un chèque de dix euros, que les bénéficiaires en général préfèrent encadrer plutôt que déposer à la banque.


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