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« On est tous emmerdés » : au sein de La France insoumise, le délicat retour d’Adrien Quatennens à l’Assemblée nationale

Les deux questions mettent systématiquement les députés de La France insoumise dans l’embarras. Quand et comment Adrien Quatennens va-t-il faire son retour à l’Assemblée ? Visé par une enquête pour violences conjugales après le dépôt d’une plainte par son épouse Céline fin septembre, convoqué par la justice le 13 décembre pour une procédure de « plaider-coupable », le député du Nord n’est pas réapparu au Palais-Bourbon depuis la fin de la session extraordinaire au Parlement, en août. Alors que plusieurs cadres du mouvement de gauche radicale ont assuré à franceinfo que l’élu reviendrait siéger « d’ici à la fin du mois » de novembre, les modalités de son retour sont encore floues.

Interrogée samedi 19 novembre sur BFMTV, la présidente des députés LFI, Mathilde Panot, s’est bornée à assurer que le groupe parlementaire était « en train de discuter » du retour d’Adrien Quatennens à l’Assemblée. « Nous travaillons collectivement aux modalités et au calendrier du retour d’Adrien Quatennens », avait déjà assuré à l’AFP Manuel Bompard, cadre du parti, le 15 novembre. Les échanges, rendus nécessaires par le fait que l’arrêt maladie du parlementaire a pris fin, n’ont pour l’heure pas abouti. « Il n’y a rien d’acté, explique à franceinfo une cadre. Pour l’instant, nous avons des discussions, mais pas d’échéance de retour ».

Une chose est sûre : les violons « insoumis » se sont accordés pour dire que son retour au Palais-Bourbon devait se faire. « Je ne suis pas pour des peines capitales ‘ad vitam æternam’, donc oui, je pense qu’il doit pouvoir revenir », expliquait son ami et député Ugo Bernalicis sur franceinfo, lundi 14 novembre. « Il va revenir, et on va l’aider », confiait Jean-Luc Mélenchon à Libération quelques jours plus tôt. « Idéalement, il faudrait qu’il revienne sur la base d’une parole de la justice », phosphore un député LFI, sans véritable idée de ce que la justice pourrait bien dire au sujet de l’ancien coordinateur du parti.

Si la date à laquelle Adrien Quatennens doit revenir à l’Assemblée n’est pas tranchée au sein de LFI, celle de savoir comment se déroulera ce retour à la vie politique nationale ne l’est pas non plus. « C’est insoluble », se désole une élue. « Je n’ai pas de recette miracle, pas de solution idéale », déplore un cadre qui le connaît bien. Certains, au sein du groupe, prônent « un moment d’explication, une reconnaissance des fautes », comme il l’avait amorcé dans une longue lettre publiée le 18 septembre. « Comment il peut être réintégré en changeant ?, s’interroge une députée influente. On est dans un mouvement féministe qui oblige les hommes violents à changer de comportement. »

« On va voir quel chemin il peut faire. »

Une députée LFI

à franceinfo

Pour l’heure, la première prise de parole publique d’Adrien Quatennens depuis sa mise en retrait a eu lieu sur Twitter samedi 13 novembre, pour déplorer l’effondrement de deux immeubles à Lille (Nord). Sur un plan plus politique, s’il a renoncé à participer aux cérémonies du 11-Novembre dans sa circonscription, le député du Nord a repris contact avec des cadres et des militants du département, selon l’un des dirigeants du mouvement. « Il échange avec toutes les féministes du groupe parlementaire », ajoute l’une d’entre elles.

En attendant, les députés LFI tentent de minimiser l’impact négatif d’un retour, scruté et critiqué par de nombreuses associations féministes, comme NousToutes. « Je ne veux pas que ça soit le zoo quand il revient », explique un cadre, inquiet des très fortes turbulences médiatiques que le groupe pourrait subir dans quelques semaines. « Il faut qu’on préserve la parole du collectif, insiste une élue. Le groupe aura le fin mot de l’histoire ».

Dans le même temps, au sein des autres partenaires de la Nupes, certaines voix n’entendent pas faire du retour d’Adrien Quatennens une formalité. Pour le communiste Fabien Roussel, le député LFI ne peut pas « revenir » au Palais-Bourbon « comme si c’était oublié ». « J’ai envie de dire à Adrien Quatennens que c’est à lui de prouver aux femmes, notamment aux femmes battues, que son retour en politique pourrait servir ce combat-là », défend pour sa part l’écologiste Sandrine Rousseau. Entre un prévisible battage médiatique négatif et des réserves au sein même de la coalition de gauche, « on est tous emmerdés », résume un député LFI.


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