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Affaire Omar Raddad : comment une nouvelle expertise ADN pourrait aboutir à un second procès en révision du jardinier

L’affaire a débuté il y a exactement trente ans. Le 23 juin 1991, Omar Raddad, un jardinier marocain, est rapidement soupçonné du meurtre de Ghislaine Marchal, une veuve fortunée, à Mougins, dans les Alpes-Maritimes. Car des inscriptions faites sur deux portes de la propriété avec le sang de la victime – « Omar m’a tuer » et « Omar m’a t » – semblent l’accuser. Ghislaine Marchal, âgée de 65 ans, les auraient rédigées en agonisant, après avoir été frappée à de multiples reprises avec un chevron. En 1994, Omar Raddad est finalement condamné à 18 ans de prison. Mais son avocate, Sylvie Noachovitch, doit déposer, jeudi 23 juin 2021, une nouvelle requête en révision du procès sur la base de nouvelles analyses de traces d’ADN.

Sur quels éléments se base aujourd’hui la défense d’Omar Raddad pour saisir à nouveau la justice et demander un procès en révision ? Sur des traces d’ADN découvertes en novembre 2015 sur les deux portes comportant les inscriptions accusant le jardinier et le chevron avec lequel la victime a été frappée. Parmi ces quatre empreintes génétiques correspondant à quatre hommes non-identifiés, deux sont parfaitement exploitables et deux autres le sont partiellement. « Aucune des quatre empreintes génétiques ne correspond à celles d’Omar Raddad », affirme Sylvie Noachovitch à franceinfo. 

La demande de révision de l’avocate d’Omar Raddad s’appuie surtout sur les analyses ultérieures d’un expert, rendues en 2019 et dévoilées lundi 21 juin par Le Monde. Ce rapport conclut à la présence d’une trentaine de traces d’un ADN complet masculin n’appartenant pas au jardinier et trouvées dans l’une des inscriptions faites avec le sang de la victime qui désignaient Omar Raddad comme le meurtrier. « Un ADN masculin apparaît à 35 reprises sur les écritures qui ont été attribuées dans le passé à Madame Marchal ! A propos de cet ADN, qui apparaît à 35 reprises et qui est mélangé au sang de la victime, on ne peut plus parler d’ADN de pollution [intervenus après le crime et déposés par les enquêteurs, les journalistes ou autres visiteurs]« , fait valoir Sylvie Noachovitch.

« Les hypothèses de pollution et contamination du scellé par un intervenant extérieur deviennent peu probables alors que les hypothèses de transfert primaire direct ou indirect au moment des faits le deviennent de plus en plus. »

Le rapport d’expert

cité par « Le Monde »

En clair : ces traces d’ADN dateraient du meurtre.

« Cela fait treize ans que je me bats ! » s’exclame l’avocate d’Omar Raddad, qui dit s’appuyer « sur la loi du 20 juin 2014″. Celle-ci simplifie la définition des cas d’ouverture à révision et permet, selon elle, de s’appuyer sur un « doute simple » pour réviser le procès. « Avant, la loi cherchait une certitude pour le faire », remarque-t-elle.

Un premier procès en révision avait déjà eu lieu 2002 après la découverte de ces traces d’ADN, car la justice n’avait pas connaissance de ces éléments en 1994. Mais la Cour de révision (placée auprès de la Cour de cassation) avait estimé que ces éléments n’étaient pas de nature à remettre en cause la culpabilité d’Omar Raddad et qu’il pouvait s’agir d’ADN « de pollution ».

L’ancien jardinier n’a cessé de clamer son innocence dans cette affaire de meurtre. Il a été gracié partiellement par Jacques Chirac en 1996 et libéré en 1998. Il a depuis entamé un long combat pour sa réhabilitation, soutenu notamment par le romancier Jean-Marie Rouart, auteur d’un livre intitulé Omar, la construction d’un coupable.


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