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REPORTAGE. Violences faites aux femmes : code couleurs, psychologue, « mise en confiance »… Comment la police recueille la parole des victimes

La journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes se tenait vendredi 25 novembre. Les associations féministes ont souligné la faiblesse des moyens de la justice pour lutter contre ce fléau alors que le nombre d’appels au 3919, le numéro dédié, ne cesse d’augmenter. Le président de la République a appelé à ne pas « relâcher les efforts » et souligné les progrès dans la formation des forces de l’ordre à la prise en compte de la parole des victimes. 

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Dans les commissariats qui relèvent de la préfecture de police, il y a désormais un code couleur pour les victimes : bleue pour les victimes ordinaires, et puis le code orange réservé aux victimes de violences intrafamiliales. Elles bénéficient d’une prise en charge particulière. « Un fonctionnaire de la Brigade locale de protection de la famille vient chercher la personne de manière discrète pour pouvoir l’acheminer dans les locaux sans attendre », explique un policier du commissariat de police du XIIIe arrondissement de Paris.

Dans ce commissariat du sud de la capitale, la Brigade locale de protection de la famille (BLPF) est composée de sept gardiennes de la paix et de deux chefs, dont Olivier, qui recueille la parole des victimes : « On les ramène dans le petit bureau qui se trouve juste à côté. Il y a une mise en confiance. Il y a une discussion. Il y a une parole libre avant de procéder directement à la prise de plainte ou au procès-verbal de renseignement, qui a remplacé ce qu’on appelle la main courante. Ensuite, suivant la gravité des faits, on va chercher le mise en cause pratiquement dans la foulée. »

Dans les locaux de la brigade, on trouve aussi une salle de jeux pour l’enfant qui accompagne éventuellement la victime. Une psychologue fait aussi partie de l’équipe de la brigade, ainsi qu’une assistante sociale qui doit résoudre l’épineux problème de l’hébergement. « La question de l’hébergement d’urgence se pose en amont d’un dépôt de plainte », explique une policière. « Certaines femmes ne veulent pas déposer plainte tant qu’elles sont encore au domicile. Cette question se pose aussi pendant le dépôt de plainte, quand elles ne veulent pas retourner au domicile. Concrètement, il n’y a pas énormément de place. Quand les femmes sont décidées à enclencher une procédure, si ça suit au niveau police, et que derrière, on est bloqué, ça peut être un petit peu compliqué. »

« Parfois, je peux passer plusieurs heures à essayer de trouver une place pour la mettre à l’abri. »

Une policière, BLPF du commissariat de police du XIIIe arrondissement

à franceinfo

1 400 policiers parisiens ont été formés depuis deux ans pour recueillir la parole des victimes avec l’aide d’associations. Mais parfois, c’est en sortant des commissariats que les policiers découvrent de nouvelles plaintes. « C’est une initiative nouvelle qui permet, sur des secteurs particuliers, d’informer le public, de venir à sa rencontre et de le sensibiliser à la thématique des violences conjugales, détaille Loubna Atta, porte-parole de la préfecture de police de Paris. C’est important d’aller à la rencontre du public et notamment parfois de toucher certaines victimes qui, du coup, se déclarent et viennent à nous dans un espace qui est différent de celui d’un commissariat. » Et lors de l’opération de prévention organisée vendredi 25 novembre, cinq nouveaux cas de violences conjugales se sont révélés.


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