A la Une

Affaire Daraï : « C’est une décision absolument incompréhensible », dénonce un collectif, alors que le gynécologue continue ses consultations publiques à l’AP-HP

« C’est une décision absolument incompréhensible », dénonce mardi 29 novembre sur franceinfo Sonia Bisch, présidente du collectif Stop aux violences obstétricales et gynécologiques (Stop VOG), alors que le gynécologue Emile Daraï, mis en examen pour « violences volontaires aggravées », continuera ses consultations publiques à l’hôpital Tenon, à Paris, a indiqué l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) à franceinfo lundi.

« C’est l’entre-soi« , tacle la présidente du collectif. Le professeur a été mis en examen mercredi 24 novembre pour violences volontaires par personne chargée d’une mission de service public à l’égard de 32 plaignantes qui l’accusent, notamment pour des « viols » et « violences » pendant des actes médicaux.

franceinfo : Qu’avez-vous ressenti quand vous avez appris que le professeur Daraï pouvait continuer à assurer des consultations publiques ?

Sonia Bisch : C’est absolument incompréhensible. En plus des 32 plaintes qui ont été retenues, nous, à Stop VOG, nous avons 190 témoignages de violences concernant le professeur. Il y a énormément de plaintes déposées, autant dans le public que dans le privé. Donc ce n’est pas normal qu’il puisse continuer une partie de ces consultations.

L’AP-HP dit pourtant que les règles du contrôle judiciaire sont respectées…

Les hautes instances de santé doivent quand même garantir la sécurité des patientes. Comment est-ce qu’ils garantissent la sécurité des patientes du professeur Daraï ? Recueillir un consentement à l’écrit, ce n’est pas suffisant. Comment est-ce que l’examen est fait ? On a des témoignages où les victimes se plaignent de touchés vaginaux extrêmement violents, qu’il n’a pas fait attention à leur douleur ou des touchers rectaux par surprise.

Souvent, ce sont des patientes qui souffrent d’endométriose, qui ont une pathologie lourde donc elles ont un suivi gynéco régulier. Donc elles savent qu’elles vont avoir des touchés vaginaux et rectaux. Mais là, c’était vraiment fait d’une manière extrêmement violente, extrêmement brutale, par surprise.

« Il faut vraiment garantir la sécurité des patientes et que les hautes instances de santé, elles, prennent leurs responsabilités. »

Sonia Bisch, Stop VOG

à franceinfo

Ça veut dire quoi prendre ses responsabilités ?

Ce qu’il faudrait, c’est suspendre ce professeur de manière temporaire le temps des poursuites judiciaires pour garantir justement la sécurité des patientes. Ça faisait près de dix ans qu’il y avait des plaintes à l’Ordre des médecins, qu’il y avait des plaintes à la direction de l’hôpital Tenon et rien n’avait été fait. Ce n’est pas normal. C’est l’entre-soi, c’est peut-être la protection entre pairs, les hautes instances qui ne réalisent pas qu’il faut agir et protéger les patientes. Après, la justice décidera mais il faut pouvoir suspendre un professionnel de santé qui est visé par une trentaine de plainte au pénal. C’est du bon sens.

Si l’AP-HP ne tranche pas, vous en appelez au ministère de la Santé pour qu’il prononce une suspension du Pr Daraï ?

L’AP-HP peut suspendre le professeur, l’agence régionale de santé (ARS), l’Ordre des médecins, la direction de Tenon également, le Centre national de gestion. Le gouvernement aussi par l’intermédiaire de notre ministre de la Santé pourrait réagir sur cette question. Il y a le Collège national des gynécologues obstétriciens français, qui avait même invité le professeur Daraï au printemps dernier dans leur colloque international. C’est fou ! Il faudrait vraiment que les instances de santé des professionnels réagissent, ne cautionnent pas de tels actes, croient les victimes et garantissent leur sécurité.


Continuer à lire sur le site France Info