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Grève des laboratoires : il ne faut « pas créer des déserts de santé, au nom de l’austérité budgétaire », explique un syndicat de Biologistes médicaux

« On parle toujours des déserts médicaux, mais nous, ce qu’on souhaite, c’est de ne pas créer des futurs déserts de santé, là où il n’y en a pas encore, au nom de l’austérité budgétaire », a réagi jeudi 1er décembre sur franceinfo, Lionel Barrand, président du Syndicat national Les Biologistes Médicaux (Les Biomed), alors que les médecins libéraux ont été rejoints dans leur grève par les syndicats des laboratoires de biologie. Ils sont en négociation avec l’Assurance-maladie, qui souhaite leur imposer une baisse des tarifs des actes de biologie. Les médecins réclament que le tarif de la consultation passe à 50 euros. « On espère que ce sera entendu au plus haut niveau de l’Etat pour éviter d’autres grèves », car nous ne voulons pas qu' »on casse cette médecine de proximité », explique Lionel Barrand.

franceinfo : Il y a deux semaines, vous étiez déjà en grève. Rien n’a bougé depuis ?

Lionel Barrand : Non, pour l’instant, on a reçu une réponse polie de l’Assurance maladie. Mais rien n’a bougé. C’est pour ça qu’on a un mouvement historique, avec la convergence d’un côté des médecins de proximité et de l’autre côté, des biologistes de proximité, parce qu’on veut défendre notre modèle de proximité et la population. Ensemble, on a les mêmes patients.

« Quand des médecins n’ont jamais fait grève de toute leur carrière et qu’ils sont maintenant dans la rue, il faut quand même se poser des questions

Lionel Barrand, président du Syndicat Les Biomed

à franceinfo

Pourquoi ce modèle de proximité dont vous parlez est-il en danger selon vous aujourd’hui ?

On parle toujours des déserts médicaux, mais nous, ce qu’on souhaite, c’est de ne pas créer des futurs déserts de santé, là où il n’y en a pas encore, au nom de l’austérité budgétaire. Nous rejetons catégoriquement le souhait du gouvernement de récupérer 1,3 milliard d’euros sur la biologie de routine et d’urgence et de nous faire pointer comme des profiteurs de guerre de la période Covid, alors que les bénéfices se montent à 850 millions d’euros.

On nous demande de rembourser en quatre ans, plus que tout ce qu’on a gagné lors de la crise du Covid. Donc il y a une vraie fragilité à ce niveau-là. Si on casse les tarifs de la biologie de routine et des urgences, il y a des laboratoires, en zone rurale, qui vont devoir fermer. Et c’est aussi pour ça que les médecins de proximité sont dans la rue en ce moment.

L’argument du gouvernement c’est que la crise sanitaire vous aura apporté sept milliards d’euros ?

Mais oui, parce qu’ils comptent en chiffres d’affaires, pas en bénéfices. On a eu plus de 6 milliards d’euros d’investissements. En définitive, en termes de bénéfices, on a 850 millions d’euros. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est l’étude Xerfi et l’État nous demande plus d’1,3 milliard d’euros, c’est-à-dire plus que tout ce qu’on a gagné. Alors nous, on est d’accord pour participer à l’effort de guerre.

On a compris qu’il y a un réel problème et qu’il faut essayer de participer. On est prêt à donner 685 millions d’euros sur quatre ans, c’est-à-dire 80 % de l’ensemble des économies Covid. On a fait des investissements et on va continuer à faire des investissements pour l’innovation, pour apporter le meilleur service aux patients. Mais on ne peut pas donner plus que tout ce qu’on a reçu.

Avez-vous une idée du suivi de la grève aujourd’hui dans les laboratoires ?

Oui, on est au-dessus de 95 %. Il y a même un peu plus de laboratoires qui sont en grève que la dernière fois. Et on a décidé de rejoindre le mouvement des médecins de proximité parce qu’encore une fois, on partage le malaise. Ce ne sont pas exactement les mêmes revendications, mais nous aussi on demande plus de temps médical, moins d’administratif.

Nous aussi, on demande à avoir la possibilité de rendre des résultats d’urgence dans des laboratoires de proximité et pas fermer tous les laboratoires qui deviendraient non rentables. C’est un mouvement historique. On espère que ce sera entendu au plus haut niveau de l’Etat pour éviter qu’il n’y ait d’autres grèves ou d’autres actions. Parce qu’évidemment il a d’autres actions qui sont prévues, ces prochains temps si jamais on casse cette médecine de proximité.


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