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Strasbourg : la justice ordonne à la mairie l’évacuation d’un campement de migrants

Ce vendredi 2 décembre, le juge des référés du tribunal administratif de Strasbourg enjoint la maire Jeanne Barseghian, de faire évacuer, dans les trois jours, le campement de migrants de la place de l’étoile. Réactions de la ville, de l’opposition, des associations et de l’avocate des migrants.

Au printemps 2022, des migrants se sont installés place de l’étoile à Strasbourg. Depuis mairie et préfecture se renvoient la prise en charge. Ce vendredi 2 décembre, le tribunal administratif ordonne à la mairie de faire évacuer ce campement. 

Dans son communiqué, le tribunal indique que « Le juge des référés a considéré que la préfète du Bas-Rhin n’avait pas compétence pour ordonner cette évacuation et que, par conséquent, il appartenait à la maire d’y procéder » et il précise « le juge des référés lui enjoint de faire évacuer le campement dans le délai de trois jours à compter de la notification de son ordonnance, en coopérant, en tant que de besoin, avec les services de l’Etat. »

Pour les associations, comme le collectif « D’ailleurs nous sommes d’ici », l’évacuation doit signifier « mise à l’abri » des migrants. « Nous attendions cela depuis longtemps. Actuellement les conditions météo se dégradent et les températures chutent. Nous demandons à la ville de leur trouver un hébergement digne. »

Le campement de la place de l’étoile a compté jusqu’à deux cents migrants, actuellement ils sont moins nombreux, « ça varie entre 50 et 100, en fonction des jours et de la météo » explique Tonio Gomez, porte-parole du collectif d’entraide et de solidarité (constitué de militants de partis politiques, de syndicats, d’associations et de simples citoyens.)

Selon lui, certains d’entre eux (surtout ceux avec des enfants) ont laissé leurs tentes et sont au gymnase de la Meinau, mis à disposition par la ville. D’autres sont hébergés par des citoyens ou occupent des squats. « Il y a encore un mois, il y avait 44 enfants, dimanche dernier au petit-déjeuner que nous avons organisé, ils étaient moins nombreux. »

Ces migrants sont originaires de Macédoine pour certains, mais ils viennent principalement des différents pays de l’Est. 

Dans son injonction à la maire, le Tribunal rajoute  « la carence de la maire de Strasbourg porte une atteinte grave à la dignité humaine. »

L’opposition, par la voix du conseiller municipal Pierre Jakubovicz « salue cette décision attendue ». A ses yeux, c’est bien à la maire de faire évacuer ce campement insalubre, et rajoute : « Empêcher la prise en charge et l’accompagnement de ces personnes en grande précarité et en grande fragilité relève au mieux de l’inconscience, au pire du cynisme. » 

Pour sa part, Bruno Studer, député du Bas-Rhin et élu de la majorité, estime : « Cette décision place à juste titre la maire de Strasbourg devant ses responsabilités et vient clore un débat instrumentalisé par l’équipe municipale depuis des mois. Je note également la sévérité des termes avec lesquels le juge a prononcé cette décision. « 

Le collectif quant à lui a demandé à la mairie d’ouvrir un gymnase supplémentaire, avant l’intervention policière, pour éviter un nouveau choc aux migrants qui sont encore là, « c’est traumatisant pour ces gens qui ont traversé de nombreuses frontières. On va appeler les citoyens et la presse à être présents, montrer aux migrants qu’on les soutient, on ne va pas créer des tensions, parce que ces gens sont épuisés par des mois de vie dehors dans des conditions précaires. « 

Sophie Schweitzer, l’avocate se dit humainement inquiète, car si les gymnases évitent que les gens soient à la rue la nuit, ils ne leur offrent pas de conditions décentes. « On ne respecte pas l’intimité des gens, la vie de famille n’y est pas possible. Il faudrait trouver d’autres solutions, comme la réquisition des logements vacants. »

Ce vendredi soir, vers 19 heures, la mairie de Strasbourg communique : « La Ville de Strasbourg prend acte de la décision du tribunal administratif de Strasbourg concernant le campement situé parc de l’Etoile. La collectivité se conformera à la décision de justice, qui lui ordonne de faire évacuer le campement et de saisir les services de l’État pour obtenir son concours. » La  ville précise dans son communiqué :« Ce jugement ne statue pas sur la mise à l’abri des hommes, femmes et enfants présents sur le site du parc de l’Etoile, question pourtant essentielle à la dignité humaine. » 

Aucune précision sur le moment exact de cette évacuation et où les migrants seront ensuite emmenés. Finalement tous, que ce soient les associations, les élus, de simples citoyens, l’avocate en charge de la défense juridique de certains des migrants, et la ville elle-même se posent la même question : que vont devenir ces personnes? Où seront-elles être conduites, dans quel endroit, pour combien de temps et dans quelles conditions ? 


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