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TÉMOIGNAGES. Guerre en Ukraine : « L’art neutre n’existe pas », dénoncent des artistes muselés par le Kremlin

En Russie, le conflit en Ukraine et la répression intérieure qui vise à museler toute contestation a fait une principale victime : l’art contemporain. Depuis février dernier, de nombreux lieux de culture ont fermé et plusieurs artistes ont quitté le pays. Dans les faits, la création artistique en Russie est au point mort.

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Radio France

Publié le 05/12/2022 13:55

Temps de lecture : 2 min.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, le monde de la Culture est dans viseur du pouvoir russe. Le président de la Douma, Viatcheslav Volodine, l’a exprimé encore récemment : « Quand on commence à faire de la politique dans des lieux de création, à insulter les citoyens de notre pays, c’est inacceptable« , a-t-il déclaré. 

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Face à la censure et la répression, les galeries ferment et de nombreux artistes ont choisi de quitter le pays. « L’art neutre » promu par le pouvoir est une aberration pour la peintre photographe Antonina Baever qui a été exposée dans les plus grandes salles moscovites : « Le principal objectif de la propagande, c’est la dépolitisation de la société et donc la dépolitisation de l’art. Mais l’art ne peut pas être apolitique. L’art neutre n’existe pas, c’est une illusion« , assure l’artiste. 

La plupart des théâtres indépendants ont fermé. Les pièces du metteur en scène Alexandre Koudriashov sont maintenant jouées au Kazakhstan. « Le système théâtral russe repose essentiellement sur les théâtres d’Etat : on ne peut gagner de l’argent que dans ces théâtres, dénonce-t-il. Et aujourd’hui, ils sont dans la main de l’Etat. Ils ne peuvent plus faire un pas ni avant, ni en arrière« . Sur les théâtres d’Etat moscovites, le nom de certains auteurs a été effacé. Leurs pièces sont pourtant toujours autorisées, mais puisqu’ils se sont prononcés contre la guerre, citer leur nom est désormais interdit par le ministère de la Culture.

Tous les contestataires sont partis, mais la répression a d’autres objectifs estime le galériste, critique d’art Marat Guelman, qui a quitté le pays en 2014. « On ne peut pas dire que la frange des artistes qui est restée en Russie est dangereuse pour les autorités. Mais à travers la répression contre l’art, il est très facile et très pratique pour les autorités de montrer à tout le monde qu’il ne faut pas protester. Que protester est passible, je ne sais pas, de licenciement, d’emprisonnement, d’expulsion de Russie, etc…« . 

Si les théâtres d’Etat et les grands musées restent ouverts en Russie, seules les œuvres classiques peuvent y être actuellement jouées ou exposées.


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