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Grippe aviaire : « Il y aura bien du foie gras pour les fêtes » mais dans « des conditionnements plus petits » et « plus cher »

« Il y aura bien du foie gras pour les fêtes de fin d’année », rassure jeudi 8 décembre sur franceinfo la directrice du Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (CIFOG), Marie-Pierre Pé. Mais, confrontés à la grippe aviaire, les producteurs ont dû « redoubler d’imagination ». « Ils vont notamment proposer des conditionnements plus petits », explique la directrice du CIFOG qui concède que « ce sera forcément un peu plus cher ». Certains producteurs ont également expérimenté l’engraissement de cannes.

franceinfo : Y aura-t-il assez de foie gras pour tout le monde à Noël ?

Marie-Pierre PéIl y aura bien du foie gras pour les fêtes de fin d’année. Même s’il y a quelques foyers de grippe aviaire qui persistent, qu’il y a eu trois millions de canards abattus en un an et 30% des reproducteurs décimés, la production a pu redémarrer et nos fabricants ont redoublé d’imagination. Ils vont notamment proposer des conditionnements plus petits qui vont permettre d’avoir beaucoup plus d’unités de ventes et de partager ce foie gras qui va être un peu plus rare. Ce sera forcément un peu plus cher, du fait de la rareté de l’offre et surtout de l’augmentation des coûts de production, que ce soit pour l’alimentation des animaux ou pour l’énergie.

Il y a aussi des producteurs qui gavent des cannes plutôt que des canards ?

Oui, c’est une première parce que, historiquement, on engraisse majoritairement les mâles pour la qualité supérieure de leur produit. Il y a un dimorphisme sexuel, avec un rendement plus intéressant. Les femelles étaient surtout élevées pour de la chair. Donc, devant la très grande pénurie qui s’annonçait, nous avons préféré élever les cannes nous-mêmes et expérimenter leur engraissement. Les résultats sont plutôt encourageants mais ce n’est pas optimal. Malgré tout, ce sont de très bons produits.

Les mesures prises pour lutter contre cette grippe aviaire qui dure ont-elles été suffisantes ?

Oui, mais paradoxalement, le virus est resté présent cet été dans l’environnement et, avec les migrations descendantes qui ont démarré depuis ce mois de novembre, quelques élevages ont à nouveau été victimes du virus et il y a eu quelques propagations. D’autres mesures complémentaires qui n’avaient pas été prises auparavant sont en place, en particulier dans le Sud-Ouest. Le plan Adour consiste par exemple à synchroniser un vide sanitaire pendant cette période névralgique, du 15 décembre au 15 janvier, où, historiquement, nous n’arrivons pas à endiguer une épizootie. Donc, pendant cette période, beaucoup de bâtiments n’auront pas d’animaux pour éviter qu’il y ait une propagation.

Dans quel état d’esprit sont aujourd’hui les producteurs ?

C’est bien sûr très difficile parce que, malgré les indemnisations significatives de l’État, il y a du retard dans leurs versements. Les producteurs touchés l’année dernière n’ont reçu qu’environ 40% de la perte de l’année et ne toucheront le reste qu’au début de l’année prochaine. Les trésoreries des exploitations sont vraiment exsangues. Nous espérons que nous arriverons bientôt à être résilients devant ce virus. La lueur du vaccin approche. Les dernières expérimentations nous permettent de penser qu’il poura être appliqué l’année prochaine.


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