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COP15 Biodiversité : « Il y a beaucoup de points sur lesquels nous n’avons pas encore d’accord », reconnaît Christophe Béchu

Le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, qui dirige la délégation française à la COP15 Biodiversité, a fait le point, jeudi, sur l’avancée des négociations.

Le chemin vers un accord ambitieux pour la protection de la biodiversité est encore long. C’est en substance le message délivré devant les journalistes français, jeudi 15 décembre, par Christophe Béchu. « Il y a beaucoup de points sur lesquels nous n’avons pas encore d’accord à la minute où on se parle », a reconnu le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, qui dirige désormais la délégation française à la COP15 de Montréal.

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Rassemblés dans la ville québecoise depuis le 7 décembre, les négociateurs de 196 pays peinent à s’accorder sur les moyens de stopper la disparition des animaux, des végétaux et des milieux naturels. « Je ne peux pas le dire autrement, nous sommes bloqués, sur les financements et sur les ambitions », a déclaré jeudi matin Marco Lambertini, directeur général de WWF International. Les négociateurs ont laissé les ministres avec une montagne à gravir dans les prochains jours ».

Christophe Béchu veut cependant croire que des avancées sont possibles, notamment sur l’épineuse question des financements. Les pays les moins développés, qui sont souvent des réservoirs de biodiversité, demandent aux pays développés de leur fournir les aides financières nécessaires à l’application des mesures proposées à Montréal. « Certains pays disaient, tant qu’on n’a pas résolu la question financière, on ne parle pas du reste. On a aujourd’hui des positions qui ne sont plus celles-là, avec des gens ouverts à la discussion », assure-t-il.

Sur ce dossier, il a répété la position de l’Union Européenne, qui négocie au nom des États membres à ce sommet : utilisation des fonds existants plutôt que création d’un nouveau mécanisme, avancées en parallèle sur les objectifs du cadre global. « Si à la fin, on termine en disant, on a atteint une somme, mais que par ailleurs, sur les pesticides, sur l’agroécologie ou les zones protégées, on reste sur le statu quo, à quoi sert l’argent ?, feint-il de s’interroger. On ne peut pas résumer un accord sur la biodiversité à un niveau de financement décorrélé d’ambitions et d’engagements. Et tout l’enjeu des jours qui viennent, c’est d’avancer sur tous les sujets en parallèle ».

Christophe Béchu a insisté sur le fait que la France donnait, selon lui, déjà beaucoup pour la biodiversité (1 milliard d’euros par an d’ici à 2025), comparé à d’autres pays. « À la minute où nous nous parlons, la France n’a comme équivalent d’engagement rapporté à sa population et sa richesse que l’Allemagne. Les autres pays, malgré le niveau d’engagement qu’ils ont formulé pour le moment, sont à des niveaux d’engagement rapportés à leur PIB ou rapporté à leur nombre d’habitants inférieur à ce que nous faisons », a-t-il lancé. Le ministre a également observé que seuls 11 pays (Australie, Canada, France, Allemagne, Japon, Pays-Bas, Norvège, Espagne, Royaume-Uni, Etats-Unis et UE) s’étaient engagés à verser des aides dédiées à la biodiversité (pour un montant de 10 milliards). « La question de la Chine et des autres pays absents de cette liste se pose », estime-t-il.

Le ministre a par ailleurs évoqué la réduction des pesticides. L’UE, qui peine pourtant à diminuer l’utilisation de ces produits sur son sol, plaide pour une réduction de 50% dans le cadre global. « C’est vraiment l’un des sujets sur lequel nous sommes le plus isolés. Nous avons peu d’alliés qui sont prêts à s’engager de manière précise et quantifiée », a reconnu le ministre.

Christophe Béchu estime de manière générale qu’il est crucial que les objectifs de l’accord soient chiffrés. « On en est aussi là parce qu’à Aichi [la COP de 2010 où les objectifs 2010-2020, non respectés, ont été décidés], on s’est quitté en n’ayant pas d’objectifs quantifiés et contraignants. Le sujet, c’est comment on ne sort pas de Montréal avec de grandes déclarations peu engageantes », estime-t-il. Le ministre a assuré que la France souhait « ardemment obtenir un accord qui ne soit pas un accord au rabais ». Réponse lundi 19 décembre, date de clôture prévue du sommet.


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