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« Pas mal de départs en retraite et un faible renouvellement » : dans les Bouches-du-Rhône, la pénurie de médecins du travail préoccupe

Cette situation a des conséquences sur les consultations des salariés. Certains se retrouvent sans suivi médical notamment parce que les cabinets spécialisés ne parviennent plus à suivre la cadence devenue infernale.

En activité depuis une vingtaine d’années, la docteure Edith Griffaton suit environ 5 000 salariés sur Marseille. Un chiffre qui a bondit ces dernières années : « Je pense que c’était plutôt autour de 3 500″, évalue Edith Griffaton. Le monde de l’entreprise est-il en train de devenir un désert médical ? La santé au travail est, de fait, frappée de plein fouet par la pénurie de praticiens. En 2022, ils ne sont plus que 3 500 en France contre environ 6 000 il y a dix ans. 

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En conséquence, la priorité est donnée aux salariés les plus en difficultés explique Edith Griffaton : « Le médecin du travail ne reçoit plus, comme il l’a fait pendant très longtemps, des personnes qui vont bien. Et c’est vrai que le médecin du travail, aujourd’hui, prend en charge et accompagne des personnes qui sont en situation médico-professionnelle complexe. »

« C’est un peu désolant pour nous parce que notre moteur principal, ce sont les actions de prévention qui consiste justement à éviter que la pathologie ne s’installe ou qu’elle ne s’aggrave au travail. »

Edith Griffaton, médecin du travail

à franceinfo

Pour la médecin du travail, cette pénurie s’explique pour plusieurs raisons : « La pyramide des âges, d’une part, puisque la moyenne d’âge des médecins du travail n’est pas très loin de l’âge de 60 ans en France. D’autre part, il y a un faible renouvellement puisqu’il y a très peu de postes ouverts. Donc forcément, il y a pas mal de départs en retraite et un faible renouvellement », analyse-t-elle.

Isabelle Hochart dirige un réseau de 23 centres de prévention dans les Bouches-du-Rhône, 12 500 entreprises adhérentes, 150 000 salariés suivis, mais des médecins pas assez nombreux. « En ce moment, on cherche six médecins sur l’ensemble des Bouches-du-Rhône, indique Isabelle Hochart. Mais je ne vous cache pas que s’il y en a d’autres qui peuvent nous rejoindre, bien sûr que ce serait volontiers« , sourit-elle.

Les actions de prévention, les visites de routine sont donc délégués au personnel paramédical, par exemple les infirmières agréées. Il y a aussi de plus en plus recours aux médecins étrangers. « Nous avons fait le choix de nous orienter vers des médecins du travail qui viennent de pays étrangers, explique Isabelle Hochart. J’ai reçu dernièrement un médecin algérien qui souhaite venir en France. Et puis, nous avons recruté depuis 2012, 40 infirmières et nous les avons formés pour apporter de la proximité, du lien avec l’entreprise, que ce soit salariés et adhérents, qu’ils puissent avoir le réflexe d’alerte vers leur service de prévention, bien sûr le médecin, mais également son équipe. »

Autre obstacle, certains médecins généralistes voudraient bien se reconvertir. Mais la formation dure quatre ans, agrémenté d’un mémoire et d’un grand oral devant l’Ordre des médecins. Les professionnels du secteur réclament un assouplissement.

Pourquoi y a-t-il une pénurie de médecins du travail – Le reportage d’Hugo Charpentier

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