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Violences conjugales : « Il faut au moins raccompagner ma fille », avait déclaré la mère de Chloé au policier qui a refusé de prendre sa plainte

L’état de santé de Chloé « est toujours préoccupant », selon la procureure de Blois. La jeune femme de 24 ans a été violemment frappée par son ex-compagnon le 14 décembre dernier. Elle avait tenté de porter plainte deux heures avant l’agression. Sa famille évoque sur franceinfo sa détresse face au refus de la police de la prendre.

La famille de Chloé – contactée par franceinfo – parle de « demande désespérée » de protection. Cette jeune femme de 24 ans a été placée dans le coma, après avoir été violemment agressée par son ex-compagnon dans un hall d’immeuble à Blois (Loir-et-Cher), le 14 décembre dernier. Deux heures avant les faits, elle avait tenté de porter plainte au commissariat, mais sans y parvenir.

Le fonctionnaire de police qui l’a reçue a refusé de prendre sa plainte et lui a demandé de revenir le lendemain. Entendu par l’IGPN, le policier qui était chef de poste exprime des « regrets » mais assure avoir vu ce jour-là au commissariat une jeune femme qui ne semblait « pas apeurée » et évoquait seulement du « harcèlement en ligne, sur les réseaux sociaux« . 

Chloé, au moment du refus de son dépôt de plainte, est au téléphone avec sa mère. Cette dernière, inquiète, demande à parler à cet agent. « Elle est en danger, il faut donc au moins raccompagner ma fille jusque chez elle ce soir », propose-t-elle, mais le policier répond que « ce n’est pas la procédure ». La maman, paniquée de savoir sa fille seule et menacée, prend alors la route. Quand elle arrive à Blois un peu moins de deux heures plus tard, sa fille gît déjà inconsciente dans son hall d’immeuble, « massacrée », selon les mots des pompiers dans leur rapport d’intervention.  

S’il avait entré le nom de l’ex-compagnon de Chloé dans les fichiers de la police, l’agent aurait découvert qu’il avait de nombreuses lignes à son casier. L’homme a déjà été condamné pour trafic de drogue, mais surtout pour violences et notamment violences conjugales sur une ex-petite amie en 2015. Elle aussi avait été rouée de coups. 

« Il ne faut plus que demain une telle négligence soit possible. »

Bruno Belin, ancien maire de Monts-sur-Guesnes

à franceinfo

La mère de Chloé est élue à Monts-sur-Guesnes, un petit village dans le département de la Vienne. Elle est amie avec l’ancien maire de la commune, Bruno Belin. Désormais sénateur Les Républicains, il a envoyé un SMS au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin après la terrible agression, pour tenter de comprendre ce qui ressemble à un dysfonctionnement au commissariat de Blois. « Il y a quelque chose qui ne va pas quand on laisse ainsi une femme quitter un commissariat sans accepter sa plainte et sa demande de protection », déplore le parlementaire, ému.

Après ce message envoyé au locataire de la place Beauvau, le préfet du Loir-et-Cher a saisi l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Puis le policier qui était chef de poste le jour où la jeune femme est venue porter plainte a été suspendu, le temps au moins de l’enquête administrative. La famille de Chloé va prendre cette semaine un avocat et se porter partie civile. Parmi les questions qui rongent les proches de la jeune femme : « Quelle formation avait eu ce policier pour ainsi accueillir [notre] fille ? » 

Chloé, 24 ans, hospitalisée à l’hôpital Trousseau de Tours, est dans un état de santé « toujours préoccupant », selon la procureure de Blois Charlotte Beluet, contactée par franceinfo. Dans son communiqué la semaine dernière, elle évoquait « un pronostic vital engagé et un pronostic neurologique sombre ». 

L’ex-compagnon âgé de 27 ans a lui été arrêté 48 heures après les faits, à Plaisir dans les Yvelines, d’où il est originaire. L’homme a reconnu l’agression, mais nie avoir voulu tuer Chloé. Il a été écroué, placé en détention provisoire dans le cadre d’une information judiciaire pour tentative d’homicide par conjoint.  


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