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Coups de feu à Paris : au moins trois morts, un homme interpellé

Plusieurs coups de feu ont été tirés dans le centre de Paris vendredi, peu avant midi. Trois personnes sont décédées après avoir été touchées par des tirs dans le 10e arrondissent de Paris, a indiqué le parquet, précisant que trois autres personnes avaient été blessées, dont deux se trouvaient en urgence absolue. « Une enquête a été ouverte des chefs d’assassinat, homicides volontaires et violences aggravées » et « les investigations ont été pour l’heure confiées au 2e district de la police judiciaire (DPJ) », a précisé le parquet. Un suspect, « un homme âgé entre 60 et 70 ans, a été interpellé et placé en garde à vue », a-t-il ajouté, précisant que « son identité [était] en cours de fiabilisation ». « L’auteur est interpellé avec son arme, le danger est écarté, ses motivations sont pour l’instant inconnues », a précisé une source policière, qui ajoute que l’homme est « de type caucasien ». Le tireur présumé, de nationalité française, serait connu pour deux tentatives d’homicide.

Sur BFMTV, la maire du 10e arrondissement, Alexandra Cordebard, a confié que le tireur était blessé, en urgence relative, et qu’il avait visé « le centre communautaire kurde, le restaurant juste en face du centre et chez un coiffeur aussi en face ». Elle a également prévenu que « le quartier sera probablement bouclé toute la journée ». La procureure de Paris a elle aussi pris la parole. Le Parquet national antiterroriste est en train d’étudier le sujet, pour savoir s’il se doit se saisir de l’affaire. « Le suspect était déjà connu des services judiciaires pour des faits en Seine-Saint-Denis, et des antécédents aussi près de Bercy, concernant des gens installés dans des tentes, il s’en serait pris à ces tentes » a-t-elle expliqué. Le suspect a été récemment remis en liberté, toujours selon ses propos.

Gérald Darmanin a promis sur Twitter de se rendre sur place et a confirmé que « l’auteur a été interpellé ». De son côté, la maire de Paris Anne Hidalgo a également annoncé l’ouverture d’une cellule psychologique au sein de la mairie du 10e arrondissement. Élisabeth Borne a, elle, parlé d’un « acte odieux » en exprimant ses « pensées » et son « plein soutien aux victimes et à leurs proches ».

Sur place, le ministre de l’Intérieur a affirmé que le tireur a voulu « manifestement s’en prendre à des étrangers ». « Il n’est pas sûr que le tueur qui a voulu assassiner ces personnes […] l’ait fait spécifiquement pour les Kurdes », a-t-il ajouté, précisant qu’il ne pouvait dire à ce stade que l’homme était connu pour des faits d’ultradroite.

Un centre culturel kurde visé ?

Les faits se sont déroulés rue d’Enghien, dans le 10e arrondissement, au centre de la capitale. L’homme interpellé « serait âgé d’une soixantaine d’années », selon la source policière. « Sept à huit coups de feu dans la rue, c’est la panique totale, on est restés enfermés à l’intérieur », a témoigné auprès de l’AFP une commerçante d’un immeuble voisin souhaitant garder l’anonymat. Selon Emmanuel Boujenan, un habitant du quartier interrogé par l’AFP, « il y avait des gens en panique qui criaient à des policiers : “Il est là, il est là, avancez” en désignant un salon de coiffure. » « J’ai vu des policiers rentrer dans le salon où j’ai vu deux personnes à terre, blessées aux jambes, j’ai vu le sang », a-t-il ajouté. Au croisement de la rue d’Enghien et de la rue d’Hauteville, des brancards étaient amenés dans le calme vers la scène de la fusillade et un périmètre de sécurité était mis en place par la police, a constaté une journaliste de l’AFP.

Présente au moment de l’attaque, Selma Akkaya, journaliste et activiste kurde, a indiqué à l’AFP qu’« il y a six personnes blessées » avec, parmi elles, « un célèbre chanteur kurde ». L’auteur des faits a tiré, selon elle, « en direction d’un salon de coiffure ».

« On a vu un vieux monsieur blanc rentrer et tirer dans le centre culturel kurde, puis il est allé dans le salon de coiffure à côté. On est réfugiés dans le restaurant avec les salariés », a témoigné Romain, le directeur adjoint du restaurant Pouliche Paris, dans la rue, joint par téléphone. Le Centre Ahmet Kaya, nommé en hommage au chanteur éponyme, est une association loi 1901 ayant pour objectif de « favoriser l’insertion progressive » de la population kurde installée en Île-de-France. Des membres du centre culturel Ahmed-Kaya étaient notamment en pleurs, se prenant dans les bras pour se consoler, a constaté une journaliste de l’AFP. Certains, s’adressant à la police, criaient : « Cela recommence, vous ne nous protégez pas, ils nous tuent. »

Anne Hidalgo a ajouté un tweet plus tard, pointant des « assassinats commis par un militant d’extrême droite ». « Les Kurdes où qu’ils résident doivent pouvoir vivre en paix et en sécurité. Plus que jamais, Paris est à leurs côtés dans ces heures sombres », a-t-elle ajouté. Le 9 janvier 2013, trois militantes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) avaient été assassinées à Paris, dans le même 10e arrondissement de la capitale.

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