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France: que cherche Emmanuel Macron sur la scène internationale?

Publié le : 30/12/2022 – 05:53

Depuis sa réélection, Emmanuel Macron est hyperactif sur le terrain international. Avec la guerre en Ukraine, le président français a plus que jamais endossé les habits de super-diplomate. Il multiplie les voyages à l’étranger et a même consacré pour la première fois une interview télévisée aux seules questions internationales. Entre action et image, que cherche Emmanuel Macron sur la scène internationale pour son second mandat ?

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Emmanuel Macron veut d’abord être partout. Ne serait-ce que dans les dernières semaines, il s’est démultiplié et s’est rendu aux quatre coins de la planète. Il a couplé sa visite aux troupes sur le porte-avion Charles de Gaulle avant Noël avec un déplacement en Jordanie et avant cela, il s’était rendu en Indonésie pour le G20, en Thaïlande pour le sommet de l’APEC, en Égypte pour la Cop 27, en Tunisie pour le sommet de la Francophonie, aux États-Unis en visite d’État à l’invitation de Joe Biden.

Et lors de ce déplacement, il a assumé cette boulimie de voyages : « Je considère que le président français doit aller au G20, il doit faire des grands sommets régionaux, il doit aussi porter la voix [de la France] et quant aux États-Unis, on nous propose d’être la première visite d’État de cette administration, je pense que c’est un signal suffisamment fort pour qu’on s’organise et qu’on puisse continuer le travail qu’on a à faire à la maison et être là. »

« Surinvestir le champ international »

« Tout est lié », répète souvent Emmanuel Macron pour expliquer que lorsqu’il est à l’étranger, il sert les intérêts de la France. Et à entendre le politologue Benjamin Morel, maitre de conférence à l’université Paris 2, cela sert aussi les intérêts du président : « Arriver à capitaliser sur ce qu’il fait à l’international, c’est toujours ce qui est voulu. Et c’est vrai que lors d’un second mandat, lorsque vous ne vous représentez pas, il y a beaucoup plus la possibilité de communiquer sur ces sujets-là. Quand, qui plus est, le climat interne n’est pas extrêmement bon pour vous, vous avez tout intérêt à surinvestir le champ international du point de vue de la communication politique. »

Mais attention, à entendre Hubert Védrine, qui fut le ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand, un second mandat n’a pas que des avantages : « Quand un président est réélu, le monde entier sait qu’il ne sera pas réélu une autre fois. Le regard change. Donc ça donne de la liberté, mais ça peut réduire l’influence, c’est à double tranchant. »

« Un président qui prend des risques »

Comment Emmanuel Macron mène-t-il sa politique internationale ? Dans la continuité de ses prédécesseurs, Emmanuel Macron affiche l’ambition de défendre les grands principes, les valeurs de la France, mais ajoute sa touche particulière, il essaie souvent de jouer la carte des liens personnels avec les dirigeants. Il l’a fait avec Donald Trump notamment, sans grands résultats d’ailleurs.

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Il se positionne aussi comme l’homme des médiations qui laisse toujours la porte ouverte au dialogue dans les crises. Et le président de la commission des affaires étrangère de l’Assemblée nationale, le Modem, Jean-Louis Bourlanges, pointe deux caractéristiques toutes macroniennes : l’engagement et l’optimisme : « C’est un président qui prend des risques, trop parfois. Avec Poutine, on n’a pas obtenu les résultats qui étaient espérés, on n’a pas empêché la guerre. Il n’empêche que selon lui, c’était à tenter même si ça n’a pas abouti. C’est quelqu’un qui croit que ça va marcher, il y a cette volonté de donner une dimension positive, une dimension d’espérance. »

Le député socialiste Guillaume Garot regrette lui que cela mène le président à choisir trop souvent un chemin solitaire : « On a le sentiment parfois d’une politique étrangère de la France qui est menée au gré de ses propres intuitions et donc ça peut donner le sentiment d’un chemin arrogant. Regardez ce qui a été fait vis-à-vis de la Russie, il y a une forme de cavalier seul. On ne peut pas être simplement la France toute seule. »

« Se repositionner au sein de l’Europe »

Quels sont les défis d’Emmanuel Macron sur le plan international pour les années qui viennent ? Il y a des enjeux de court terme et de long terme, c’est ce qu’explique Hubert Védrine : « La question immédiate, c’est le soutien à l’Ukraine, que Poutine ne puisse jamais gagner en Ukraine, et la résistance des Européens sur la question de la pénurie, l’inflation, etc. Et là, ça nous renvoie à une autre question pour le président dans les années 2023-24 qui est comment se repositionner au sein de l’Europe, au sein de l’Union par rapport à une Allemagne qui affirme de plus en plus clairement, sans fard, sa ligne allemande. »

Redonner un élan à l’Union européenne, c’était l’ambition d’Emmanuel Macron en 2017. Ressouder l’Europe, la rendre souveraine reste un enjeu prioritaire de son action internationale et peut-être le chemin pour laisser une empreinte à l’issue de ses deux mandats.

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