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Mélenchon manifeste à Marseille contre les retraites : « C’est mon kif ! »

Le leader de LFI a été l’une des attractions de l’imposant cortège contre la réforme des retraites. Un bain de foule que le tribun a visiblement beaucoup apprécié.

De notre correspondant à Marseille,

Temps de lecture : 3 min

Et le voilà qui enfile un casque, attrape un gros marteau et, en éclatant de rire, fait sauter un pétard qui résonne encore au milieu de la manif. Jean-Luc Mélenchon est comme chez lui parmi les cheminots de Miramas et les dockers du port de Marseille-Fos, parlant fort avec les uns, tapant sur l’épaule des autres. Tous ont rejoint le cortège qui s’étend en ce jeudi 19 janvier sur deux kilomètres entre Réformés et place Castellane, dans une atmosphère incandescente. « J’en ai fait des manifestations depuis que j’ai quinze ans, mais une telle mobilisation dans ma ville, je n’avais jamais vu ça », souffle Benoît Payan, maire de Marseille élu en 2020 par le conseil municipal avec une coalition de gauche.

Il est venu saluer Mélenchon, incontournable aimant du défilé qui se promène d’une banderole à l’autre. « C’est mon kif d’être là », glisse le leader de La France insoumise qui semble oublier un moment les tracas parisiens, affaire Quatennens et fronde en cours au sein de son organisation. « Je fais toutes les manifs à Marseille. C’est là que je suis arrivé jeune, c’est là que j’ai été élu député il y a six ans, les gens m’ont donné plus de 50 % des voix dans mon ancienne circonscription à la dernière présidentielle. Alors tout ça crée des liens. Ici, je recharge mes batteries. »

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À ses côtés, Manuel Bompard aussi a le sourire. « On est là avec Jean-Luc pour donner le signal, sous le soleil matinal de Marseille. C’est ici que ça se passe et c’est d’ici que ça part. Tout le monde est là, toutes les forces de gauche. Ça donne le ton de la journée et de la suite du mouvement. » On oublierait presque le mistral qui coupe les jambes et fait claquer les drapeaux.

Discussions, selfies et insultes

Alors que le cortège s’ébranle déjà, les politiques se tiennent en retrait, un peu dispersés. Se rejoignent à l’occasion, discutent un peu devant les caméras avant de rejoindre leurs troupes. Jean-Luc Mélenchon, lui, voyage, parfois à rebours pour « récupérer nos militants. Il n’y a pas de faille entre nous et ça aide à la mobilisation. C’est une des premières fois où ça se produit ». Il ne fait pas dix mètres sans qu’on l’interpelle. Parfois pour l’insulter, comme ces aides-soignantes antivaccin. Le plus souvent pour un selfie ou pour discuter.

Une dame approche avec une pancarte « Casse-toi pov’ con ». Rigolade. « Ça me rappelle un copain qui avait fait ça à côté de Sarkozy, il s’est pris une amende », se marre celui que beaucoup appellent « Méluche » dans les rangs. Avec deux étudiantes, il papote biodiversité et leur conseille la lecture de La Sixième Extinction, d’Elizabeth Kolbert. Plus loin, ce sont des métallos, des enseignants ou des gaziers qui viennent parler salaires, retraites et convergence des luttes.

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« Là, les gens voient qu’on leur ment, qu’on leur prend un petit bout de vie, explique-t-il. Le gouvernement a perdu cette bataille d’avoir convaincu de la nécessité de la réforme. Il faut qu’on prenne la mesure du caractère exceptionnel de l’unité syndicale qui nous donne une force considérable. » Les mots, cette fois, sont ceux du tribun dont les Marseillais se rappellent les meetings immenses sur les plages du Prado en 2012 ou sur le Vieux-Port en 2017.

Un bras de fer inutile

« Macron doit comprendre que les petits malins qui font du libéralisme comme Blair ou Thatcher, c’est fini. Nous sommes dans un moment de bascule de l’Histoire. Macron est un retardataire, sa réforme n’a pas de sens. Il faut qu’il la retire, ce bras de fer est inutile. Il n’y a pas de déshonneur à entendre la voix populaire. Pourquoi l’irresponsable aurait-il le dernier mot ? L’irresponsable, c’est celui qui met un tel bazar dans la rue pour se faire plaisir et bien finir son quinquennat. » Jean-Luc Mélenchon a retrouvé les siens sous les acclamations, la fin de la manifestation approche, il est temps de décrocher. Mais il reviendra. « Je me sens chez moi ici. »


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