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JO de Paris 2024 : transport, sécurité, budget, ces questions qui peuvent encore troubler la fête

Les Jeux olympiques sont dans 18 mois, un horizon pas si lointain car c’est maintenant qu’ont lieu les derniers arbitrages pour faire de cet événement planétaire une réussite. Et tenter de chasser les nuages qui subsistent encore au-dessus de Paris 2024.

Gros temps à l’horizon 2024 sur les Jeux olympiques à Paris, en raison notamment d’une grosse incertitude sur les transports. Pendant les 15 jours de Paris-2024, ce sont environ dix millions de spectateurs qui emprunteront tous les jours les transports en commun en Île-de-France. C’est deux fois plus que les usagers quotidiens du réseau. Pour l’absorber, il était prévu de rallonger des lignes d’en construire de nouvelles. Sauf que tout a pris beaucoup de retard : pas moins de trois lignes nouvelles ne seront pas prêtes avant 2026.

Mais la desserte, ce n’est pas tout. Il faudra aussi du matériel supplémentaire : un millier de bus et de cars rien que pour le transport des 200 000 personnes accréditées, sportifs, journalistes, officiels… Un appel d’offres lancé l’an dernier n’a attiré aucun candidat. Il vient d’être relancé.

Bref. De l’avis de tous les observateurs c’est aujourd’hui le gros point noir des Jeux. « Effectivement on peut dire qu’on n’est pas prêts, convient Jean-Baptiste Pegeon, élu EELV à la région et administrateur à Île-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité qui organise les transports en Île-de-France. « On n’a pas les ressources humaines, l’intégralité des aménagements ne sont pas réalisés, on le voit notamment autour des transports, avec les promesses qui ont été faites autour du Grand Paris Express mais aussi sur les différents aménagements olympiques. »

« Contrairement à ce qui est dit, contrairement aux communications qui ont été faites, il manque énormément de choses à 500 jours de l’évènement pour dire que nous sommes en capacité de répondre aux attentes espérées. »

Jean-Baptiste Pegeon, administrateur à Île-de-France Mobilités

à franceinfo

L’autre problématique, c’est la sécurité. Les organisateurs ont misé sur 20 000 à 25 000 agents de sécurité privés, pour fouiller et filtrer les visiteurs notamment. Sauf qu’on le sait déjà depuis un moment, il y a une pénurie dans le domaine. Bien sûr, des mesures ont été prises : les salaires revus à la hausse, la durée des formations réduites… Mais cela ne suffit pas. Dans son rapport rendu la semaine dernière, la Cour des comptes et son premier président Pierre Moscovici appelaient à un scénario alternatif. « Le Comité d’organisation des Jeux olympiques (Cojo)  avait initialement prévu des ressources importantes en matière de sécurité privée. Nous estimons qu’il y aura un déficit probable, expose Pierre Moscovici. Il faudra le compenser par des forces de sécurité intérieures, la police, la gendarmerie, éventuellement l’armée. Cela doit être planifié, cela doit être prévu. Quant au coût financier, il ne peut pas être supporté par le contribuable. S’il y a un surcoût, il doit être assumé par le Cojo et donc, il doit être également budgeté ». 

Il faut comprendre donc que, s’il y a un recours à l’armée (comme aux Jeux de Londres), à la police ou à la gendarmerie, pour la Cour des comptes, ce n’est pas l’État qui doit payer mais bien le Comité d’organisation des Jeux. « Peu crédible », commente un observateur avisé : « Au final, c’est bien l’État qui paiera. C’est son rôle d’organiser la sécurité publique ». 

Un autre danger qui guette les Jeux à 18 mois de leur lancement, c’est l’explosion du budget. « Pas du tout », dément le Cojo qui reconnaît toutefois que les dépenses avec l’inflation ont grimpé. Le budget global est quand même passé de 6,2 à 8,8 milliards d’euros. Mais Tony Estanguet, le patron des Jeux, insiste sur le fait que les recettes aussi augmentent donc que le budget reste à l’équilibre et le restera. Donc pas d’impôts JO à craindre. Mais la grande majorité des acteurs proches du dossier interrogés sont d’accord : « Les 8,8 milliards de budget vont encore être dépassés d’ici 2024, c’est inévitable ».

Selon Armand de Rendinger, conseiller international pour l’olympisme et le sport, « la dérive risque d’être beaucoup plus importante car on n’a pas encore évalué très clairement le budget de la sécurité, qui a été totalement sous-évalué au moment de la candidature et qui va friser plus près du milliard que des 200 ou 300 millions qu’on avait imaginé. »

« On n’a pas du tout pris en compte les accélérations des dépenses qui se font toujours dans les 18 derniers mois parce qu’il faut respecter l’échéance. Je pense qu’on sera autour des dix milliards. »

Armand de Rendinger

à franceinfo

« Le dépassement est important, poursuit cet expert, même s’il est moins important que la moyenne des dépassements qu’on a sur tous les Jeux d’été en général, qui sont de 175% en moyenne. Là, si on est autour de 75 à 100%, ce sera déjà un exploit ». 

Et du coup se pose la question de qui va payer le surcoût. En cas de déficit, c’est l’État. Et donc qui devra payer la note à la fin… Un acteur du dossier tempère : « Si cela avait été un opérateur privé, il aurait augmenté le prix des billets de 40% ou renoncé à la cérémonie sur la seine. Or ni l’État, ni la ville ne le souhaitait. Ne soyons pas hypocrites ! »


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