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Néonicotinoïdes : « L’économie de nos territoires va pâtir » de l’interdiction des dérogations, se désole un betteravier

La Cour de justice de l’Union européenne juge illégal les dérogations accordées par la France aux betteraviers pour l’utilisation préventive de l’insecticide contre les pucerons.

Alors que la Cour de justice de l’Union européenne a banni les dérogations sur les néonicotinoïdes, Christophe Buisset, betteravier dans la Somme, estime vendredi 20 janvier sur franceinfo que « l’économie de nos territoires va en pâtir ». Dans son avis rendu jeudi, la CJUE rend illégales les dérogations adoptées depuis plusieurs années dans 11 pays, dont la France. Pour la troisième année consécutive, le gouvernement français s’apprêtait en effet à permettre l’usage de l’insecticide pour la seule culture des betteraves.

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Si Paris devait renoncer à ce nouveau décret dérogatoire, Christophe Buisset affirme qu’il perdrait « 20 à 50% de ses rendements, suivant l’attaque des pucerons ». Il craint qu’à terme cela l’amène « à arrêter la betterave sur son terrain, au profit d’autres cultures rentables ».

Vice-président de la chambre d’agriculture de la Somme, Christophe Buisset reconnaît qu’il « sera obligé de se plier » à l’avis de la justice de l’Union européenne, qui « ne le surprend pas ». Le betteravier redoute que « cela se traduise en cascade par la fin des sucreries sur nos territoires, la fin de la souveraineté alimentaire au niveau du sucre » et « de la souveraineté en termes de bioéthanol et de gel hydroalcoolique ».

« On va perdre en compétitivité par rapport à d’autres sources de sucres à l’échelle mondiale »

Christophe Buisset, betteravier

à franceinfo

Christophe Buisset estime par ailleurs que les consommateurs devront être « prêts à payer plus cher », mais il « n’est pas sûr qu’ils soient prêts à le faire ». Ce betteravier accuse l’Europe « de ne plus savoir se protéger » et de « le priver d’un outil qui permet de cultiver et protéger [ses] plantes« .

L’agriculteur assure qu’il « n’a pas de solution alternative » : « Comment voulez-vous aller protéger des betteraves contre des pucerons si on n’a pas d’insecticides ? C’est comme soigner la grippe sans vaccin ». Christophe Buisset se dit favorable à l’utilisation  » des insecticides en végétation pour se prémunir des pucerons ». Plusieurs chercheurs, notamment de l’INRAE (institut national de la recherche agronomique), affirment pourtant qu’il existe d’autres méthodes, moins nocives pour l’environnement, permettent de lutter efficacement contre les pucerons.

Favorable aux OGM (organisme génétiquement modifiés), il regrette qu’ « en Europe, on n’avance pas sur le sujet des plantes qui peuvent être protégées génétiquement ». « Dans la nature, on a des plantes qui résistent aux attaques des prédateurs, donc en faisant des croisements avec les betteraves on peut arriver à des plantes résistantes elles-mêmes », explique-t-il.


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