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Réforme des retraites : trois questions sur la grève des remontées mécaniques qui va toucher les stations de ski

Force ouvrière et la CGT ont déposé, lundi, un préavis de grève “illimité” pour le 31 janvier.

Coup de froid sur les vacances d’hiver ? Les deux principaux syndicats de salariés des remontées mécaniques, Force ouvrière (FO) et la CGT, ont déposé, lundi 24 janvier, des préavis de grève pour le 31 janvier, afin de protester contre le projet de réforme des retraites, mais aussi contre la modification du régime d’assurance chômage des saisonniers. Un mouvement qui inquiète du côté des professionnels du tourisme dans de nombreuses stations de ski notamment dans les Alpes. France 3 Paca revient en trois questions sur cette grève.

  • En quoi consiste ce mouvement de grève ?

FO et la CGT ont déposé un préavis de grève pour le 31 janvier, date de la prochaine journée de mobilisation contre la réforme des retraites, soit trois jours avant le début des vacances scolaires en zone A. Bien qu’« illimité », ce préavis ne signifie pas que les employés des remontées mécaniques ne reprendront pas le travail le lendemain, précise Eric Becker, secrétaire général FO des remontées mécaniques et saisonniers. « Nous ne voulons pas fragiliser encore des entreprises déjà en difficulté », a-t-il indiqué.

« Ce préavis illimité » vise, selon lui, à respecter les délais légaux pour « permettre aux saisonniers de participer à la prochaine journée de mobilisation contre la réforme des retraites, qui devrait être décidée pour un jour de février ».

La CGT des remontées mécaniques avait déjà déposé son propre préavis de grève reconductible pour appeler à la grève le 19 janvier, première journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites, précise le syndicat.

A eux deux, ces syndicats ont obtenu près de 98% des voix aux dernières élections sur le secteur des remontées mécaniques qui fait travailler quelque 17.000 saisonniers en France – FO étant le premier avec 53,5% des voix, contre 44% pour la CGT.

  • Ce mouvement est-il uniquement lié à la réforme des retraites ?

Non, cette grève du 31 janvier est aussi pour les saisonniers « la seule façon d’être entendus par le gouvernement, alors que cela fait des mois que nous dénonçons la précarisation qu’ils vivent, avec la réforme de leur système d’assurance-chômage », a expliqué Eric  Becker.

« Nous n’arrivons plus à recruter, tellement cette réforme a pénalisé les saisonniers », dont les indemnités chômage sont parfois divisées par deux, assure-t-il. « On nous dit que nous prenons les vacanciers en otage, mais ce sont les saisonniers qui le sont. »

Selon Pierre Scholl, représentant national de la CGT pour les remontées mécaniques, la réforme de l’assurance-chômage est « un gros gros point de crispation depuis un moment », tandis que le report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans est « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, ça mobilise beaucoup ».

« On n’imagine pas des pisteurs transporter des blessés à 64 ans. Et aujourd’hui, les seniors qui ne sont plus embauchés sur les chantiers, les femmes qui ont du mal à trouver du travail à l’inter-saison se sont retrouvés sans rien: cela fait beaucoup de familles », explique-t-il.

Depuis le 1er décembre 2021, la durée minimale de travail pour recharger les droits à l’allocation chômage des saisonniers est de six mois sur les 24 derniers mois pour obtenir au moins six mois d’indemnisation. Auparavant, il ne fallait que quatre mois sur les 24 derniers mois pour recharger des droits pour quatre mois.

Selon une étude d’impact de l’Unédic, ce passage à six mois devait conduire, au cours de la première année d’application, à retarder l’ouverture de droits à 475.000 personnes, notamment des jeunes ou des saisonniers qui multiplient les contrats courts.

Depuis son entrée en vigueur, nombre d’entre eux se sont reconvertis ou sédentarisés, alors même que les saisonniers du tourisme font partie des métiers les plus recherchés, selon Pôle emploi.

  • Quelles vont être les conséquences sur les pistes ?

« On a décidé d’appeler à la grève pendant les vacances de février, car les revendications seront mieux entendues lors de cette période », assure Eric Becker auprès de RMC. Pour autant, les syndicalistes se veulent rassurant quant aux conséquences pour les touristes. « Les remontées fonctionneront normalement à partir du lendemain [du mouvement de grève] : nous ne voulons pas fragiliser encore des entreprises déjà en difficulté », souligne le secrétaire général des remontées mécaniques à Force ouvrière. Pour l’instant, le mot d’ordre est de coller aux dates choisies par l’intersyndicale au niveau national.

Toutefois, d’autres actions ne sont pas écartées dans les prochaines semaines. La CGT envisage également des « actions fortes » lors de la Coupe du monde de ski à Courchevel et Méribel les 16 et 20 mars, précise RMC.


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