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Lors du 75e Festival international du film de Venise, le 8 septembre, le réalisateur Alfonso Cuaron reçoit le Lion d’or pour son film « Roma », produit par Netflix. Tony Gentile / REUTERS
Une concurrence déloyale, c’est ainsi que le président de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) Richard Patry voit l’arrivée de Netflix dans l’Hexagone. La plate-forme américaine produit de plus en plus de films – Roma, d’Alfonso Cuaron, les prochains Martin Scorsese, Steven Soderbergh ou le film inachevé d’Orson Welles – mais, fidèle à son modèle, ne prévoit pas de diffuser ces longs-métrages en salle en France.
En cas de sortie sur grand écran, la législation actuelle obligerait Netflix à patienter trois ans avant de les proposer à ses abonnés. Un délai qui pourrait bientôt être raccourci à quinze ou dix-sept mois si Netflix crée des bureaux à Paris et participe au financement du cinéma français.
Le fait d’être ainsi contournés irrite les exploitants. « Partout, les salles de cinéma sont prêtes à diffuser les films financés par Netflix, à condition que ce dernier respecte notre modèle qui fonctionne : l’exclusivité du cinéma en salle et la prédominance de la salle comme premier diffuseur », avait déclaré M. Patry fin septembre lors du 73e congrès de la FNCF à Deauville.
Pour lui, tout opérateur doit respecter les règles et, ainsi, contribuer au financement et à la diversité des œuvres. « Combien y a-t-il de films et de séries d’expression française sur Netflix ? Quasiment aucun. Combien Netflix apporte-t-il au financement de nos systèmes d’aides à la production ? Zéro. Combien de personnes ont vu Okja [le film de Bong Joon-ho, produit par la plate-forme américaine, sélectionné au Festival de Cannes en 2017] en France ? C’est l’opacité totale », avait-il lancé. A ses yeux, « cet opérateur fait juste des “coups” en produisant à grands frais un tout petit nombre de films et, au final, parasite un système à son seul profit ».
Promesse de diffuser trois films en salles
Pour amadouer l’Académie des Oscars et tenter de remporter une première statuette qui légitimerait ses ambitions dans le septième art, Netflix a changé de stratégie. Fin octobre, la plate-forme a promis de diffuser trois films en salle, au minimum aux Etats-Unis. « Une simple sortie technique pour pouvoir prétendre à la course aux Oscars », balaie Radu Mihaileanu, président de l’ARP, la société civile d’auteurs, réalisateurs et producteurs.
Selon Paris Match, plusieurs distributeurs français souhaitent acquérir Roma pour le proposer en salle en janvier, un mois après sa diffusion sur Netflix. Cela n’avait pas été possible pour Okja.
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