DVD : « Midi Minuit Fantastique, L’Intégrale : Volume 3 »

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Couverture de l’Intégrale : Volume 3 de la revue  « Midi Minuit Fantastique ».

Couverture de l’Intégrale : Volume 3 de la revue  « Midi Minuit Fantastique ». Rouge Profond

L’édition intégrale de « Midi Minuit Fantastique », mythique revue des années 1960 consacrée au cinéma de genre et à l’esthétique de l’étrange, vient nous rappeler, à l’heure du tout numérique, à quel point les revues papier ont constitué de précieux supports pour l’imaginaire, la création collective et l’émergence de cultures diverses. Fondée en 1962 par une bande de jeunes mordus (Michel Caen, Alain Le Bris, Jean-Claude Romer et Jean Boullet), réunis autour de l’ancienne librairie parisienne « Le Minotaure », Midi Minuit fut en effet le refuge et l’avant-poste d’une contre-culture horrifique, érotique et subversive. Courant esthétique alors méprisé, mais qui finira par connaître une fortune et une postérité jamais démenties. Édité chez Rouge Profond et chapeauté par Nicolas Stanzick, le troisième volume, compilant les numéros 12 à 17 de la publication, perpétue un splendide et minutieux travail de restauration, qui lui restitue tout son éclat et son fétichisme iconographique.

On trouvera donc, dans leur maquette d’origine, une imposante suite de textes frondeurs et passionnés, comme autant d’odes à la poésie des univers fantastiques, ainsi que de riches entretiens avec des figures du genre, comme les cinéastes Jacques Tourneur, Mario Bava, Edgar G. Ulmer et le tout jeune Jean-Pierre Mocky, ou encore l’égérie Barbara Steele. Le tout serti d’une profusion de photographies bizarres et suggestives, orchestrant une somptueuse rêverie autour des films et des créatures mythologiques qui les peuplent.

Un DVD sur la galaxie « midi-minuiste »

Mais l’autre point fort du recueil, c’est son accompagnement par un DVD, exhumant un ensemble de courts-métrages et de documents rares, issus de la galaxie « midi-minuiste ». Une poignée d’oeuvres s’avérant aussi passionnante par l’hypothèse qu’elles ont pu incarner, celle d’un fantastique français, cinéma de l’imaginaire puisant aux sources du romantisme et du surréalisme, qui n’aura jamais vraiment réussi à s’imposer sur les écrans, en dehors d’expériences marginales ou de coups de maîtres isolés (Les Yeux sans visage de Georges Franju ou La Jetée de Chris Marker).

Dans cette salve, on pourra donc découvrir La Brûlure de mille soleils (1965), film d’animation artisanal de Pierre Kast et curieuse élégie de science-fiction sur la relativité des temps et des rituels amoureux. Dans L’Homme aux chats (1969), Henri Glaeser filme avec la concision d’un nouvelliste, la solitude d’un vieillard marginal vivant dans une masure sinistre parmi une ribambelle de chats, et pose en à peine vingt minutes, qui pourraient être celles d’un épisode de La Quatrième Dimension, un petit théâtre de réclusion mentale et de manies psychotiques qui en vient véritablement à glacer le sang.


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