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Le réalisateur hongkongais Ringo Lam lors de la projection de son film « Triangle » au 60e Festival de Cannes, en mai 2007. ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
Il a fait partie d’une génération qui a transformé le cinéma de Hongkong, l’a fait sortir, dès la fin des années 1980, des rails d’une tradition combinant une mise en scène et une idéologie des arts martiaux qui devenaient obsolètes. Il lui a également ouvert une fenêtre internationale. Comme ses contemporains John Woo ou Tsui Hark, Ringo Lam a contribué à rénover une manière de filmer l’action et la violence. Le réalisateur hongkongais est mort brutalement à son domicile de Hongkong, le 29 décembre.
Lam Ling-tung est né dans l’ancienne colonie britannique le 8 décembre 1955. Il entre, en 1973, à l’école de comédiens de la chaîne de télévision TVB, et y rencontre la future star Chow Yun-fat avec qui il tournera plus tard des films. Il ne se trouve aucune disposition pour faire l’acteur et c’est au Canada, à l’université de York à Toronto, qu’il apprend la mise en scène.
Deux ans après son retour à Hongkong, en 1983, il finit la réalisation d’une comédie fantastique commencée par Leung Po-chi, Esprit d’amour. On lui confie la réalisation du quatrième volet de la saga à succès Mad Mission, une série d’aventures policières vaguement inspirée de James Bond. Mais c’est en 1987 qu’il tourne le film qui le rend célèbre, City on Fire, un polar dur et violent dont Quentin Tarantino s’inspirera pour Reservoir Dogs, reprenant du film de Lam des séquences entières.
Inspiré par l’économie de moyens inhérente aux conditions de production de l’industrie du cinéma à Hongkong, Ringo Lam se spécialise dans le film policier « dur », hard boiled. Moins lyrique qu’un John Woo, laissant à Tsui Hark le goût de l’hybridation chaotique, son cinéma se distingue par un réalisme sans concession, un refus de ces effets formels un peu voyants qui caractérisent les films de ses deux confrères, et surtout une noirceur implacable, déjouant parfois le manichéisme du genre.
Films tournés sans autorisations
Courses-poursuites entre flics brutaux et truands impitoyables, ses films sont souvent tournés dans les rues de Hongkong, sans autorisations : « Dans un film américain, la production achète toute la rue, et paie pour chaque figurant. Je n’ai pas appris à travailler comme cela. Je savais que les flics n’allaient pas vraiment nous arrêter, parce qu’ils ne voulaient pas bosser en s’occupant de toute la paperasserie qu’il y aurait à faire ». Ringo Lam citera French Connection (1971), de William Friedkin, comme une de ses principales inspirations.
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