Cinéma

Ulrich Köhler : « J’aborde chaque film comme si c’était le dernier »

Le réalisateur d’« In My Room » a tourné quatre longs-métrages en quinze ans.

Propos recueillis par Jacques Mandelbaum Publié aujourd’hui à 07h23, mis à jour à 07h23

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Le réalisateur Ulrich Köhler lors d’une projection de son film « In My Room » à New York, le 29 septembre 2018.

Le réalisateur Ulrich Köhler lors d’une projection de son film « In My Room » à New York, le 29 septembre 2018. ROY ROCHLIN / GETTY IMAGES / AFP

Ulrich Köhler est né à Marbourg voilà quarante-neuf ans. Etudes à Quimper et à Hambourg. Quatre longs-métrages en quinze ans. Bungalow (2002), Montag (2006), La Maladie du sommeil (2011), In My Room (2018). Univers de fuite, d’errance, de disparition, tenaillé par la recherche d’une rencontre qui tienne lieu de résurrection. La mordante ironie et la sourde mélancolie qui s’en dégagent désignent Köhler, dandy moderne, comme le fils putatif d’Antonioni en Europe du Nord. Accueilli à ses débuts dans la mouvance d’une « école de Berlin » aujourd’hui atomisée, Köhler cultive de longue date le sentiment conradien d’un rêve de conquête qui ratiocine et dégénère. En toute logique, il filme aujourd’hui l’extinction de l’humanité à l’épreuve du dernier couple survivant, dans un monde qui peine à justifier son existence.

Lire la critique d’« In My Room » : Repartir de zéro après l’Apocalypse

A deux survivants près, pourquoi ­faites-vous disparaître l’humanité ­dans votre film ?

Je ne voulais pas, comme on pourrait le penser, imaginer une dystopie. Ma question était en fait naïve : qui suis-je quand il n’y a plus les autres ? Cela a à voir avec le plaisir enfantin, autarcique, de ne plus être sous le regard d’autrui. J’imagine que cela renvoie à un sentiment de ma propre enfance. J’ai vécu à l’âge de 4 ans au Zaïre, dans un petit village éloigné de tout. Mais il y a aussi des lectures qui m’ont fortement influencé, plus que les films d’ailleurs, comme celle de Miroirs noirs, du romancier Arno Schmidt, qui fait le récit de la rencontre entre un homme et une femme après une apocalypse nucléaire.

Cette rencontre entre ce dernier homme et cette dernière femme laisse penser que la fin du monde est moins quelque chose qui adviendrait de­­ ­l’extérieur qu’une donnée intime de la nature humaine. C’est d’un pessimisme radical…

Oui, c’est assez pessimiste, mais je crois que c’est vrai. Tandis que l’homme cherche dans le film à recommencer une forme de vie sociale ou à se préoccuper enfin, mais de manière désormais absurde, d’écologie, la femme est quant à elle plus éprise de ­liberté. Elle refuse de se soumettre à la nécessité rationnelle et au schéma bourgeois. Elle veut éprouver sa situation et la vivre jusqu’au bout. Je peux comprendre cela. Je peux comprendre que le déterminisme fasse plus peur que la mort.

Votre filmographie est parcimonieuse. Eprouvez-vous des difficultés à financer vos films, et celui-ci en particulier ?


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