
?ric O.
J’ai découvert la Ligne rouge en 2004, non pas en 1999, date de sa sortie. Pourquoi, je n’en sais rien. Je ne connaissais pas Terrence Malick. Dans le genre « film de guerre », j’avais deux chouchous, Apocalypse Now et Full métal jacket. Or, en 2004, quand j’ai vu la Ligne rouge, je me suis mis à le regarder tous les jours pendant plusieurs semaines. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Sauf que Apocalypse Now et Full métal jacket furent détrônés de mon esprit, balayés par le doux ouragan la Ligne rouge. Ca me faisait du bien intérieurement, ce film. Je me suis mis en quête, beaucoup plus tard, de découvrir les autres oeuvres de Malick. J’ai donc fait connaissance avec le Nouveau monde, et là, nouveau choc, je n’en revenais pas : Comment ce fait-il que je ne connaisse pas cet auteur ? Je ne comprenais pas qu’un tel cinéaste n’ait pas plus de publicité, au sens de « rendu public ». Continuant mes recherches, j’acquiers la Ballade sauvage et les Moissons du Ciel. Ces deux n’ont pas encore la force des suivants, mais ce sont quand même des chefs-d’oeuvre. J’ai adoré les voix off de la petite Linda, le ton, sa fraîcheur naïve, sa façon enfant-adulte de voir le monde, qui me rappelait étrangement la « petite voix » de la petite Thérèse dans son livre « Histoire d’une âme ». Voilà, je vous parle d’une époque où la filmographie de Malick se comptabilisait à quatre films seulement. Alors je devins comme de nombreux admirateurs, pressé de la suite, en attente.Ses films procurent du bien. Thérapie ? Ou plutôt, attendu que la musique joue un rôle fort, musicothérapie ? Malickothérapie? Terrence Malickothérapeute ? En tout cas, écouter la B.O. de la Ligne rouge, de Hans Zimmer (cf. Youtube), donne aussitôt envie de revoir le film. La découverte en 2011 de the Tree of Life fut encore un nouveau choc. Idem pour À la Merveille. Mais qui est ce génie invisible ? Comment cet inconnu a-t-il fait, alors qu’il est venu sur le tard dans le septième art, pour détrôner tous les plus grands cinéastes de l’histoire du cinéma, sans bruit, en douceur, tel un outsider qu’on n’aurait pas vu venir ? Est-ce un extraterrestre ? Vient-il d’un autre monde ? Parfois je me demande : Comment fait-il pour connaître autant l’âme humaine ? D’où lui vient cette bonté ? Cette douceur ? Cette sensibilité ? Cet humanisme ? Cette grâce ? (Serait-ce le Christ revenu incognito ? Le Gandhi du cinéma ?…). Je vais peut-être en surprendre plus d’un, si je dis que, à l’heure d’aujourd’hui, j’ai dû voir la Ligne rouge au moins 110 fois… et sans me lasser, qui plus est. Je sais cependant que beaucoup, parmi les admirateurs de Malick, me comprendront. Voilà, je voulais juste jeter quelques impressions.Je n’ai pourtant pas coutume de regarder les mêmes films de manière répétitive, ou alors deux ou trois lectures pour ceux que je considère comme chef-d’oeuvre. Seuls, jusqu’ici, les plus grands films de Franck Capra m’avaient donné envie de dépasser cette moyenne. Mais avec Malick le phénomène (intérieur) prend des proportions astronomiques : comme s’il changeait, pour un mieux, l’être de la personne… Il est difficile de classer la Ligne rouge parmi le genre « guerre » ; c’est beaucoup plus que ça. Il pourrait s’intituler « Histoire des âmes ».
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