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Samba Peuzzi, rappeur sénégalais : « Les jeunes peuvent réussir grâce à leur talent ! »

Samba Peuzzi, 2022. © DR

Etoile montante du rap au Sénégal, Samba Peuzzi affole les compteurs des plateformes de musique en ligne. Ses titres Soxna ci (« Madame » en wolof), Lou Yakou Yawa (« Tu es responsable de ce qui s’est passé ») ou le dernier en date, Mbaraj (une expression intraduisible), totalisent plusieurs millions de vues sur YouTube. A 25 ans, Samba Peuzzi – Samba Tine à l’état civil –  élabore un son particulièrement original. Le rappeur se confie à RFI Musique avant ses deux concerts en région parisienne, samedi 19 novembre au Canal 93 à Bobigny (Seine-Saint-Denis) et dimanche 20 au Plan à Ris-Orangis (Essonne), dans le cadre du festival Africolor. 

RFI Musique : Votre rap se caractérise par la présence d’instruments d’Afrique de l’Ouest, notamment le tambour tama, que l’on retrouve dans le mbalax, la musique traditionnelle sénégalaise. Pourquoi avez-vous choisi ce style ?
Samba Peuzzi : Ajouter du tambour sur mes sons permet de montrer l’identité de notre pays. Depuis mes débuts, je reçois des critiques à ce sujet, mais je persévère dans cette voie car intégrer les tambours tama, c’est défendre l’identité de cette musique sénégalaise et ouest-africaine.

Les paroles de vos chansons ne sont pas hardcore, contrairement à d’autres rappeurs aux textes très durs. Quels messages voulez-vous faire passer ?
Je veux montrer aux jeunes de banlieue qu’ils peuvent réussir par leur talent ! Moi je viens de Diacksao, un quartier de Diamaguène, près de Pikine, en grande banlieue de Dakar. On a travaillé en équipe, on y a cru, et on espère que ça va aller très loin ! Ma devise, c’est « From ‘Diack’ to the world » !

Ne pas oublier ses racines, c’est important ?
Pour moi, c’est indispensable. Depuis le début, mon quartier me soutient. Ses habitants sont les premiers à avoir cru en moi et je veux les représenter partout dans le monde.

Peut-on dire que la rue a été votre école, même si vous êtes issu d’une famille plutôt aisée ?
Dans ma famille, j’étais un peu différent… Effectivement, j’étais souvent dans la rue, je fréquentais les autres « boys » de mon quartier. C’est un esprit d’équipe, de camaraderie. Pour moi, la rue, c’est tout : ça t’apprend la vie. Si je n’avais pas fréquenté la rue, je n’aurais peut-être pas été musicien et rappeur.

Votre famille avait l’habitude d’ouvrir sa porte aux plus démunis, au moment du repas de midi. Ça vous a marqué ?
Cette solidarité, c’est quelque chose que notre père nous a appris. On mangeait le midi avec tout le monde, même avec des gens que l’on ne connaissait pas ! La famille Tine avait une grande maison… C’est une bénédiction d’avoir bénéficié de l’exemple de mes parents.

Vous êtes engagé aux côtés de l’ONUSIDA pour contribuer à faire reculer le VIH chez les enfants. Pourquoi soutenir cette cause précisément ?
Je n’oublie pas que, dans mon quartier, à mes débuts, mes premiers fans étaient les enfants ! J’ai un contact très facile avec eux. Or, récemment, les chiffres ont montré que le taux de contamination repartait à la hausse chez les plus jeunes. Dans le même temps, les efforts de communication sur le sujet ont diminué. Beaucoup de contaminations de la mère à l’enfant pourraient être évitées. Le VIH est toujours présent (1). Il ne faut pas cesser d’en parler pour sensibiliser les pères et les mères, leur offrir des moyens de prévention et sauver le maximum de bébés. Personnellement, j’invite tous les artistes à s’engager : les enfants sont notre futur.

(1) 100.000 enfants de 0 à 14 ans sont décédés de causes liées au Sida dans le monde en 2020. Parmi eux, 40% vivaient en Afrique de l’Ouest et Centrale, selon l’ONUSIDA.

Merci à la rédaction de RFI à Dakar.

Youtube 

Festival Africolor


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