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Le mystérieux projet Maven divise Google

L’affaire tombe mal pour Google, au moment où les géants du Net, et en particulier Facebook, sont montrés du doigt pour leur gestion des données personnelles . Des employés ont lancé une pétition, qui a déjà réuni 3.100 signatures en interne, demandant à leur direction de stopper la participation de Google à un programme de recherche du Pentagone. Celui-ci se base sur l’intelligence artificielle pour interpréter des images vidéo. Il pourrait notamment être utilisé par l’armée dans des surveillances et des frappes par drone.

« Nous pensons que Google ne devrait pas être impliqué dans des activités guerrières », affirme notamment la lettre, adressée au PDG de la société, Sundar Pichai. Le courrier demande que Google se retire du projet et s’engage à ne plus construire de technologies militaires pouvant tuer. « Le projet va irrémédiablement salir l’image de marque de Google et son attractivité auprès des talents, souligne la lettre. Au milieu de peurs grandissantes sur le biais et la militarisation de l’intelligence artificielle, Google lutte déjà pour conserver la confiance du public. En signant ce contrat, Google rejoindra les rangs de sociétés comme Palantir, Raytheon et General Dynamics [des sociétés dont la technologie est utilisée par l’armée, NDLR]. »

Des liens anciens avec le Pentagone

Les salariés de Google, qui rappellent la devise de leur société (« Don’t be evil », « Ne sois pas malveillant ») ont déjà interpellé Diane Greene, la responsable du cloud chez Google, qui a assuré que cette technologie ne serait « pas utilisée pour le pilotage de drones ou pour lancer des armes ».

Pour Google, son implication dans le projet n’a aucune vocation offensive. « Toute utilisation militaire de l’intelligence artificielle soulève des préoccupations légitimes. Nous sommes activement engagés dans un dialogue compréhensif sur cet important sujet », explique la société au « New York Times » .

Les liens entre Google et le Pentagone ne sont toutefois pas nouveaux et Eric Schmidt, membre du conseil d’administration d’Alphabet qui a longtemps dirigé la société, conseille aussi le Pentagone, via le Conseil d’innovation de la défense, tout comme l’un des vice-présidents de Google, Milo Medin.

Utilisé contre Daech

Le projet Maven a été lancé il y a un an et aurait déjà mobilisé 70 millions de dollars. Il a pour but d’intégrer plus rapidement et efficacement l’intelligence artificielle et le « machine learning » aux opérations militaires. « Je suis convaincu que nous devons faire plus, et plus vite, au sein du département de la Défense, pour bénéficier des avancées récentes et futures dans ces domaines stratégiques », avait alors déclaré le sous-secrétaire à la Défense, Bob Work. Remplacé depuis, il avait ajouté que le gouvernement avait « besoin de partenaires commerciaux ».

Contrairement aux projets militaires, souvent longs à déployer, le projet a adopté une structure agile. A tel point que les technologies qui en sont issues auraient déjà été utilisées sur le terrain, notamment pour combattre Daech.


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