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Attaque chimique en Syrie : Trump promet des décisions dans les « 24 à 48 heures »

Quelle réponse à  l’attaque chimique de ce week-end  dans la dernière zone rebelle à Douma, imputée à Damas, et qui a fait 48 morts ? Les appels à une action internationale se sont multipliés ce lundi, à quelques heures d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU.

Le président américain Donald Trump, à l’occasion d’une réunion des membres de son gouvernement à la Maison Blanche, a « condamné » une attaque « atroce » et « barbare » qui « ne peut pas être tolérée ». « Nous prendrons des décisions majeures d’ici 24 à 48 heures », a-t-il affirmé.

Peu auparavant, son ministre de la Défense Jim Mattis avait été interrogé sur d’éventuelles frappes contre le régime syrien et avait déclaré « ne rien exclure à l’heure actuelle ». « La première chose que nous avons à examiner, c’est pourquoi des armes chimiques sont encore utilisées, alors que la Russie s’était portée garante de la suppression de toutes les armes chimiques », a-t-il souligné devant la presse.

« S’ils sont reconnus responsables, le régime (syrien) et ses soutiens, dont la Russie, devront rendre des comptes », a prévenu de son côté la Première ministre britannique Theresa May. Son chef de la diplomatie Boris Johnson a, pour sa part, réclamé une « réponse internationale forte », en souhaitant qu’une « gamme complète d’options soit mise sur la table » à la réunion du Conseil de sécurité.

Celle-ci aura lieu ce lundi soir à 19 heures GMT (21 heures en France), après avoir été repoussée de plusieurs heures. Elle doit porter sur l’emploi présumé d’armes chimiques à Douma. Initiée par la France, elle a été fusionnée avec une réunion réclamée par la Russie sur les « menaces sur la paix dans le monde », selon une source diplomatique française.

Un nouvel outil d’enquête

Quelques heures avant l’ouverture de cette réunion, les Etats-Unis ont fait circuler dans les couloirs de l’ONU un projet de résolution réclamant la création d’un nouveau « mécanisme d’enquête indépendant des Nations unies » sur le recours aux armes chimiques en Syrie.

Le nouvel outil d’investigation proposé par Washington serait mandaté pour un an, renouvelable. Le précédent organisme d’enquête a disparu fin 2017, après plusieurs vétos russes opposés au renouvellement de son mandat. Il s’agissait d’un organisme créé conjointement entre l’ONU et l’OIAC (l’organisation pour l’interdiction des armes chimiques).

Des frappes imputées à Israël

Plus tôt dans la journée, des tirs de missiles ont frappé l’aéroport militaire de Tayfur dans le centre du pays, faisant au moins 14 morts selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Trois combattants iraniens y sont également morts, selon l’agence iranienne Fars.

Washington comme Paris ont affirmé ne pas être à l’origine des frappes. La Syrie et son allié russe ont ensuite accusé Israël. L’Etat hébreu s’est refusé à tout commentaire mais a déjà réalisé plusieurs frappes en Syrie depuis le début de la guerre civile.

Israël et la Syrie sont officiellement en état de guerre. Les relations sont d’autant plus tendues que trois ennemis d’Israël opèrent sur le théâtre syrien : le régime lui-même, l’Iran et le Hezbollah libanais pro-iranien, deux alliés de Bachar Assad.

En février, Israël a visé cette base de Tayfur en affirmant qu’un drone avait été envoyé par l’Iran sur son territoire depuis cet aéroport présenté comme une « base iranienne ».

VIDEO. En 7 ans, la guerre en Syrie a fait plus de 350.000 morts

« Ligne rouge »

Dimanche, Paris et Washington ont « fermement condamné les attaques chimiques le 7 avril contre la population de Douma dans la Ghouta orientale ». La présidence française n’a pas cité explicitement le gouvernement syrien.

Emmanuel Macron et Donald Trump ont également « décidé de coordonner leurs actions et leurs initiatives au sein du Conseil de sécurité des Nations unies ». De son côté, la Maison Blanche a indiqué que les deux présidents entendent tenir le régime de Damas pour responsable « de ces violations continues des droits de l’Homme ».

Paris a plusieurs fois menacé de frapper des objectifs militaires syriens en cas d’usage avéré d’armes chimiques contre des civils, défini comme une « ligne rouge ». Dans de telles circonstances, « nous frapperons », avait réaffirmé en février Emmanuel Macron.

Le régime syrien, défendu par ses deux alliés indéfectibles, la Russie et l’Iran, a démenti toute attaque chimique dans l’ultime poche rebelle de la Ghouta orientale, que ses forces semblent en passe de reprendre entièrement. Moscou a mis en garde Washington contre une telle intervention militaire « pour des prétextes fabriqués » et qui pourrait « mener aux plus lourdes conséquences ».


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