EconomieFinance - Marchés

Laurent Mignon, nouvel homme fort de BPCE

C’est un très proche de François Pérol qui va lui succéder à la tête du groupe bancaire mutualiste BPCE, le 1er juin prochain. Jeudi soir, à la suite de sa démission, le conseil de surveillance de BPCE s’est choisi comme nouvel homme fort l’actuel directeur général de Natixis, Laurent Mignon.  Artisan du redressement de Natixis , ce dernier chemine aux côtés de François Pérol depuis la création de BPCE, en 2009. Ces dernières années, il en était ainsi devenu le successeur tout désigné…

Au sein du conseil de surveillance, sa nomination a été votée à « l’unanimité ». Il faut dire tout a été fait pour éviter les débats, voir les conflits internes, au moment où le deuxième groupe bancaire français risquait de perdre non pas seulement un dirigeant mais deux. François Pérol avait en effet prévu de  rejoindre la banque Rothschild , tandis que Laurent Mignon était courtisé par Société Générale qui se cherche toujours un numéro deux.

Informé lundi dernier des intentions de François Pérol de quitter le groupe, le président du conseil de surveillance de BPCE, Michel Grass prévoit de réunir un conseil le samedi suivant pour lui désigner un successeur. Mais les fuites, en milieu de semaine, l’incitent à accélérer la cadence. La réunion se tiendra finalement dans la foulée du comité des nominations dès le jeudi et le résultat des courses annoncé à 23h40 aux salariés, aux marchés comme aux régulateurs…

Au sein du groupe, on s’accorde à dire que « la procédure a été précipitée » et que « tout a été fait pour que Laurent Mignon l’emporte, pour qu’on ne puisse pas se poser de questions ». Ce à quoi, BPCE rétorque qu’une bataille en bonne et due forme aurait abîmé l’image du groupe et celle de la gouvernance des banques mutualistes françaises, déjà mise à mal par les conflits qui déchirent le Crédit Mutuel.

Le groupe bancaire connu pour l’indépendance de ses barons régionaux semble toutefois s’être rangé devant le choix cette succession express. Il faut dire que Laurent Mignon a acquis pleinement sa légitimité dans le groupe au fil des années. Il a largement convaincu grâce au  redressement réussi de Natixis qui était la banque française la plus affectée par la crise des « subprimes ». Après un nettoyage corsé du bilan de la banque, il s’est employé à développer ses activités dans l’assurance, la gestion d’actifs et la banque d’investissement, notamment dans une logique industrielle pour servir les banques et les caisses du groupe mutualistes, dans une logique de groupe intégrée. Des faits d’armes qui l’avaient déjà mis en pole position pour succéder à François Pérol lorsque ce dernier avait été jugé pour prise illégale d’intérêt à la tête de BPCE.

Au cours de sa vie professionnelle, Laurent Mignon s’est dédié tour à tour aux salles de marché chez Indosuez, à l’assurance, au sein du groupe AGF puis à la banque d’affaires et à la gestion d’actifs chez Oddo où  il a été associé gérant entre 2007 et 2009 . En revanche, ce banquier de cinquante-quatre ans n’a jamais été patron de Caisse d’Epargne ou de Banque Populaire, ni exercé en banque de détail, le métier historique des banques régionales du groupe.

Au sein du groupe BPCE, ce sont pourtant des  enjeux industriels de banque de détail qui l’attendent puisque la digitalisation des Banques Populaires et des Caisses d’Epargne n’en est qu’à ses prémices. Il veut s’y atteler. « Après avoir consacré près de dix années au redressement et au développement de Natixis, j’aurai à coeur de continuer à faire progresser le groupe dans tous ses métiers, de développer toutes nos marques au premier rang desquelles les Banques Populaires et les Caisses d’Epargne », assure-t-il dans un communiqué.


Continuer à lire sur le site d’origine