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Au congrès de la CFDT, les militants font de Macron leur cible numéro un

Séance de selfies pour Laurent Berger. Le secrétaire général de la CFDT a passé la demi-heure de pause de ce mardi matin dans la discussion du rapport d’activité au contact des délégués, pour la deuxième journée du 49e congrès de la centrale qui se déroule jusqu’à vendredi à Rennes. Une façon pour lui de montrer qu’il est à l’écoute de la base militante, même quand elle a des choses pas forcément agréables à dire.

Ouvrant le congrès, le secrétaire général de la confédération avait tenu à pointer « le verre à moitié plein » , les militants se sont chargés de lui rappeler « le côté vide du verre ». L’exercice était difficile : « Comment dire des vacheries tout en ne disant pas de vacheries ? », s’est interrogé un métallurgiste. Le souci de ne pas apparaître désunis a pesé sur l’ambiance du congrès, que de rares militants ont réveillé. Thierry Aubert est de ceux-là. Largement applaudi, le responsable des cheminots CFDT a expliqué qu’ils « ne sont pas en lutte contre la confédération mais contre le gouvernement ».

« Flexiflexibilité »

Ce sentiment est largement partagé dans l’organisation. Emmanuel Macron « fait l’unanimité contre lui », résumait un membre de la direction confédérale en marge du congrès. Sur le fond et sur la forme. « On n’est pas dans la flexisécurité chère à la CFDT mais dans la flexiflexibilité », a dénoncé un militant breton.

La fusion des institutions représentatives du personnel dans le Comité social et économique et la réduction des moyens qui l’accompagne a aussi été dénoncée. « Nous avons le sentiment d’être floués », a expliqué un autre délégué. La colère est d’autant plus grande à la CFDT contre le chef de l’Etat que nombre de ses militants ont contribué à sa victoire en votant pour lui dès le premier tour comme près de la moitié des sympathisants cédétistes. « Macron, avant les élections c’était Dr Jekyll et maintenant c’est Mr Hyde », a résumé un métallo.

Dans le même temps, l’attachement au réformisme a été maintes fois rappelé et la direction confédérale n’a pas été remise en cause. Mais elle n’a pas évité les critiques qui se sont concentrées sur sa gestion de la réforme du Code du travail « pas suffisamment contestée ». « Nous n’étions pas déçus, mais en colère ! », a dit un des premiers intervenants, de la fédération Communication en référence au propos de Laurent Berger sur les ordonnances. « Force est de constater que la technique de lobbying de la CFDT n’a pas abouti », a grincé un Sarthois.

Développer les adhésions

Plusieurs militants ont regretté que la CFDT n’ait pas manifesté à l’automne. « Ne laissons pas le monopole de la contestation à d’autres quand la situation le justifie », a expliqué l’un d’eux. Si un autre militant a rappelé que les manifestations « n’intéressent plus les salariés », un enseignant du privé a rappelé qu’une « mobilisation dans la rue crée aussi une dynamique et redonne du souffle aux militants et aux adhérents ».

Un point a cependant fait consensus : la nécessité de développer les adhésions, sujet qui doit être abordé jeudi comme  la réforme des retraites , prochain dossier sensible à l’ordre du jour.


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