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Tesla : quand des salariés licenciés applaudissent Elon Musk

Ils ne lui disent pas merci mais presque. Sur Twitter, des employés fraîchement licenciés par Elon Musk ont tenu à lui exprimer leur soutien peu de temps après que  le patron de Tesla a annoncé la semaine dernière la suppression de 9 % des effectifs.

« C’est la meilleure chose à faire pour l’entreprise », écrit ainsi Kevin Throop. Cet ancien directeur commercial était employé par Tesla depuis 2014,  rapporte Bloomberg. « Je ne regrette pas d’avoir donné tout ce que j’avais », ajoute-t-il.

Il n’est pas le seul ancien salarié à avoir apporté son soutien au millionnaire sud-africain. Cette femme explique qu’elle sera « toujours fière » d’avoir travaillé pour Tesla.

Ou encore cet ancien manager qui assure comprendre que « c’était pour le bien de la mission ultime ».

Une « vision partagée »

De quoi susciter l’interrogation d’une autre utilisatrice du réseau social. « Le nombre de réponses à ce message (celui d’Elon Musk annonçant les réductions d’effectifs, NDLR) qui disent « j’ai été licencié, c’était super, merci Elon, tu es le meilleur », est quand même super étrange », s’étonne Red Durkin.

Pour autant, selon Gene Munster, un directeur associé du VC Loup Ventures cité par Bloomberg, il n’y a rien de très surprenant à ce que certains employés apportent leur soutien à Elon Musk. « Les gens qui le remercient pour l’opportunité d’avoir travaillé [à Tesla] sont authentiques », estime-t-il. Pis encore : « L’une des armes secrètes de Tesla est la vision partagée de l’énergie propre, ainsi que le fait que ces personnes croient en Elon Musk et son leadership. » Un « atout unique » pour le spécialiste des voitures électriques de luxe.

Surtout l’entreprise Tesla fait rêver bien au-delà des fans de voitures électriques et des adeptes de son patron. De nombreuses entreprises aimeraient connaître le même succès que la firme californienne et elles n’hésitent pas à profiter de cette vague de licenciement pour recruter. C’est ce qu’explique ce twittos, spécialiste de l’énergie chez Tesla, tout juste licencié :

Un turnover régulier

Mais en réalité, l’annonce d’Elon Musk n’a pas fait que des heureux. Ce twittos, ancien responsable d’équipe sur la ligne de montage, évoque notamment un manque de respect et de loyauté de la part de l’entreprise.

Le turnover chez Tesla est d’ailleurs régulier depuis quelques années. Notamment à des postes clé : ainsi, début novembre 2017,  le responsable du pôle batteries de l’entreprise était parti de son propre chef. Il venait pourtant de prendre le job seulement quelques mois plus tôt, en août, après le départ surprise de son prédécesseur, Kurt Kelly.

Fin avril 2018,  Jim Keller, le responsable du programme d’assistance à la conduite de Tesla était débauché par Intel. Il s’agissait alors du troisième responsable d’Autopilot à quitter le constructeur en près de deux ans.

A peine quinze jours plus tard, le directeur du développement des véhicules, Doug Field, annonçait à son tour son départ afin de « faire une pause » pour se ressourcer et passer du temps avec sa famille. Parallèlement, Tesla a également perdu Matthew Schwall, connu pour être le « premier contact technique » avec les organismes de régulation et de sécurité américains. Il a rejoint Waymo, la société de voitures autonomes lancée par Google.

Ne pas dénigrer l’entreprise

Le charismatique  patron de Tesla  épuiserait-il ses employés ? L’homme, connu pour ses coups marketing, est avant tout un hyperactif. Il n’hésite pas à installer un lit de camp au pied de la chaîne d’assemblage pour gérer les problèmes en phase de montée en cadence

Multipliant les références à la culture geek et inscrivant  chacune de ses initiatives (l’Hyperloop, coloniser Mars…) comme nécessaire  pour sauver l’humanité, il a réussi à développer un véritable culte de la personnalité chez ses fans. Cette dévotion  existe aussi sur les marchés, mais à un degré moindre. Ces derniers s’interrogent régulièrement sur sa consommation de cash et scrutent avec inquiétude les retards de production de sa Model 3, une berline 100 % électrique qui doit permettre de faire passer Tesla au rang de constructeur à grande échelle.

Ce mardi, Elon Musk a donc annoncé une réorganisation « difficile mais nécessaire » pour « réduire les coûts et devenir rentable ». Ce chemin passe par une suppression de 3.500 postes sur un total d’environ 40.000 salariés. Les employés ont commencé à recevoir dans la foulée leurs lettres de licenciement, rapporte Bloomberg. Selon l’agence, en échange de compensations, ils s’engagent toutefois à ne pas dénigrer l’entreprise. Rien ne les oblige pour autant à encourager Elon Musk.


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