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Pour la première fois, Chanel lève le voile sur ses résultats financiers

Pour la première fois de son histoire, Chanel a décidé de dévoiler les résultats financiers de son holding Chanel Limited, basé à Londres. Ce dernier consolide 97 % des entités de la maison au niveau mondial, suite à une réorganisation engagée en 2016-2017 et qui s’achèvera cette année. Des données que « Les Echos » ont pu consulter en exclusivité. 

Et surprise ! Sur l’exercice clos fin décembre, Chanel a affiché un chiffre d’affaires de 8,3 milliards d’euros (9,6 milliards de dollars), en hausse de 11 % à taux constant. Ce qui place  la maison de la rue Cambon nettement devant Gucci (Kering) , dont les ventes se sont établies à 6,2 milliards l’an dernier, et au coude à coude avec Louis Vuitton (LVMH), aujourd’hui la première marque mondiale de luxe. Son résultat opérationnel s’établit, lui, à 2,3 milliards d’euros (2,7 milliards de dollars), en hausse de 22,5 % en 2017.

Garantir son indépendance 

Pourquoi cette transparence soudaine ? « Depuis toujours, nous parlons de la création, car nous pensons que c’est le plus important au yeux du public, explique Philippe Blondiaux, le directeur financier mondial. Aujourd’hui, nous mettons les chiffres sur la table pour démontrer notre santé financière, qui nous donne les moyens de garantir notre indépendance. »  

Chanel, détenue par les frères Wertheimer, a aussi sans doute été titillée ces dernières semaines par les ambitions de Gucci, dévoilées lors de sa journée investisseurs. La perle de Kering a annoncé son intention d’atteindre les 10 milliards de ventes à termes, se plaçant comme le challenger de Louis Vuitton. La marque florentine devra donc compter avec la noble maison de la rue Cambon, qui a une nette avance sur elle, et qui compte bien la maintenir.

« Notre croissance a été équilibrée entre toutes les régions, et toutes les lignes de produits, mode, horlogerie et parfums, reprend Philippe Blondiaux. Notre politique d’harmonisation des prix à bénéficié à la clientèle locale en Chine, et permis de réduire de façon spectaculaire le marché parallèle. » En 2015, la société a décidé de réduire les écarts de prix au niveau mondial, avec une fourchette autour de 10 % . Une stratégie payante. L’Asie, son second marché (38,5 % des ventes) après l’Europe, a connu la plus forte croissance à +16,5 % en 2017.

Hausse des investissements

Pour maintenir le rythme, Chanel a renforcé ses investissements, en hausse de 15 % l’an dernier à 1,2 milliard d’euros. Avec le lancement du parfum Gabrielle, le premier depuis 2002, et d’un nouveau sac à main baptisé lui aussi Gabrielle, 2017 a célébré le vrai prénom de Coco Chanel et a permis « de séduire une nouvelle clientèle ». Les collections de son créateur mythique, Karl Lagerfeld, ont aussi donné « des résultats solides », note le rapport. 

En plus de la communication, le développement de son réseau de magasins est une priorité. « Nous allons doubler en 2018 les moyens consacrés à l’ouverture de boutiques de mode, et celles dédiées aux parfums et à la beauté », annonce le responsable financier. La première tranche du gigantesque projet de rénovation rue Cambon à Paris, mêlant tous ses univers, devrait s’achever en octobre. Parmi les ouvertures phares figure celle d’un « flagship » à Tokyo en décembre dernier. Un autre est en projet en Corée du Sud pour 2019.  

La publication de ce rapport annuel est aussi l’occasion pour Chanel de clarifier sa position en matière de dividendes et de corriger « des données erronées ».  Le sujet avait créé la polémique l’an dernier . « Le mandat que m’a confié Alain Wertheimer est de ne pas avoir de dette, de financer en priorité les investissements, et de maintenir la structure du bilan, insiste Philippe Blondiaux. La politique de dividendes est une conséquence de ses priorités. » En 2016, ses actionnaires ont ainsi perçu 591 millions de dollars (et non 3,4 milliards comme rapporté à l’époque). Pour 2017, le montant s’est établi à 109 millions. 


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